La renégociation de la dette grecque

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Par Nicolas Tarnaud Modifié le 8 juillet 2015 à 8h51
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75%La dette grecque est détenue à 75% par des créanciers publics

Le référendum et la dette grecque

Nous ne sommes plus dans la mythologie mais bien dans la réalité. Une réalité faite de chiffres, de variables et d’inconnues. La dette grecque ne laisse personne indifférent et le sujet grec passionne le monde entier. En cette période estivale, la crise économique et politique grecque va être le roman de l’été. En ce mardi 7 juillet 2015, la dette grecque représente plus de 320 milliards d’euros soit près de 180 % de son PIB. Un tel ratio n’est plus soutenable dans les conditions de croissance actuelle. Plus le niveau de la dette rapportée au PIB est élevé et plus le service de la dette l’est aussi. Dans ces conditions, d’énormes sacrifices sont demandés à la population afin de ne pas s’endetter davantage. Même si la Grèce avait un excédent budgétaire de 1%, avec une dette de 320 milliards et un PIB de 180 milliards d’euros, il lui faudrait 180 ans pour rembourser ses créanciers.

Début 2015, l’Union Européenne et le FMI anticipaient un taux de croissance grec du PIB de 2,5%. Compte tenu de ces prévisions, le remboursement de cette immense dette paraissait réalisable. Avec un autre taux de croissance inférieure à 1%, la Grèce n’a pas la capacité financière suffisante pour rembourser ses prochaines échéances du mois de juillet et d’août 2015, tout comme les 52 milliards d’euros qu’elle devra honorer avant 2018 pour assurer la soutenabilité de sa dette publique. En réalité, la Grèce ne remboursera pas la totalité de sa dette. Si un Grexit se produit dans les prochaines semaines, les prêteurs devront inscrire les créances grecques dans la colonne pertes et profits. Ce scénario final n’est plus une fiction mais une réalité. Afin d’éviter une telle configuration, la renégociation de la dette est encore possible entre les parties. Quelle que soit l’option finale retenue, la Grèce doit sortir de la spirale infernale qui l’étrangle depuis 2010.

La renégociation de la dette

Le oui aurait probablement affaiblit le gouvernement grec face aux créanciers internationaux. La victoire du non a renforcé Alexis Tsipras dans le jeu des négociations avec la Troika. La dette grecque sera au menu quotidien des négociations. La renégociation de la dette a été un sujet tabou depuis les premières rencontres entre Alexis Tsipras et la Troika. Les créanciers n’ont jamais voulu aborder officiellement cette alternative. Au lendemain du référendum du 5 juillet, l’Allemagne exclut toujours de reconsidérer une restructuration de la dette grecque. La Troika a toujours souhaité que la Grèce applique de nouvelles réformes avant d’engager les négociations sur un allègement de sa dette et des conditions de refinancement. Les négociateurs devront agir rapidement afin de donner du sens et de la crédibilité aux résultats à atteindre. Un calendrier devra être fixé afin d’éviter que les négociations ne deviennent un marathon sans fin.

Diminution de la dette grecque

La dette grecque est détenue à 75% par des créanciers publics c’est-à-dire la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Le pays est protégé contre d’éventuels fonds spéculatifs. Dans un marché de dettes, les arbitrages sont nombreux entre les détenteurs, les acteurs et les investisseurs.

La dette grecque a été largement restructurée en 2012. En contrepartie de cette restructuration, les créanciers privés ont accepté une décote « discount » de 50% à 75% des obligations qu’ils possédaient en portefeuille. La dette a donc été ramenée de 175% à 157% du PIB. Cela n’a pas été suffisant. Les mesures d’austérité ont accéléré la crise économique et n’ont pas permis de dégager un excédent primaire pour diminuer le ratio dette/PIB. Le PIB s’est effondré sous l’effet des politiques d’austérité. La dette grecque a augmenté en valeur relative et non en valeur absolue. La dette n’a augmenté que de 7% depuis 2009, passant de 299 milliards d’euros à 320 milliards. Un abandon partiel de la dette grecque paraît de plus en plus plausible. Une réelle diminution de la dette assortie d’un nouveau plan de financement de l’investissement permettrait de doper la croissance, de créer de l’emploi, d’améliorer le niveau de vie et de rendre la Grèce solvable. Lorsque l’on aborde la réduction de la dette grecque, quel pourcentage évoque-t-on ? Un effacement d’au moins la moitié de la dette grecque est nécessaire afin qu’elle retrouve le chemin de la croissance d’ici les trois prochaines années. Nous sommes passés d’une crise économique à une crise politique européenne. La décision de l’annulation partielle de la dette ne dépend plus en réalité de la Troika mais de l’Allemagne, de la France et des états de l’Union Européenne.

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Nicolas Tarnaud, FRICS, économiste, professeur à Financia Business School, chercheur associé au Larefi Université Bordeaux IV.

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