Concernant la Grèce, j’ai l’impression que la tragédie grecque va nous tenir en haleine assez longuement cet été. D’ailleurs, les journalistes ont été particulièrement surpris aujourd’hui à Bruxelles puisque leur badge d’accréditation, au lieu de n’être valable que pour une seule journée comme il est d’usage, le sont pour la totalité du mois de juillet 2015.
Il y a quelques fonctionnaires européens prudents qui n’ont pas envie de passer leur été à refaire le même boulot tous les jours à chaque sommet de l’ultime dernière chance…
Le sommet de mardi ne donnant rien, on se refait un filet de morue dimanche prochain ?
Oui, au menu aujourd’hui, des mamamouchis européens autour des salades grecques, une soupe vichyssoise (je trouve cela assez prémonitoire et pas dans le bon sens du terme), d’un filet de morue et d’une mousse au chocolat… Bon pour une fois, je ne dirai rien, il s’agit d’un menu presque de crise pour nos grands chefs… de la morue… Je connais quelques fins palets mamamouchesques qui risquent de trouver cela « dégueulasse » comme l’avait dit une ministresse française d’un repas ayant couté une fortune à l’Elysée.
Tout cela pour vous dire qu’à priori la morue ne passe pas et qu’il n’y a point d’accord ce soir si ce n’est que l’on peut s’accorder sur le fait que l’on soit d’accord sur rien ou presque.
Alors on prend rendez-vous pour un prochain sommet dimanche prochain.
Pourtant, encore une fois, trouver un accord serait assez simple.
On impose des réformes et des efforts supplémentaires à la Grèce mais on répond à la crise humanitaire par une aide qui peut être en nature avec boîtes de médicaments et sacs de riz…
Pourtant, il n’y a toujours pas d’accord car les Européens, en réalité, pour le moment, ne veulent pas entendre parler d’un effacement de la dette grecque pourtant évidemment totalement irremboursable. Tout le monde le sait pertinemment.
Personne ne veut prendre sa perte !
La BCE, les États, personne ne veut prendre sa perte, malgré que la solution efficiente en terme économique existe et elle est même assez simple.
Athènes signe un plan avec des contraintes, des mesures, des réformes et tout le blabla. Chaque année, à chaque fois qu’un objectif est atteint, une partie de la dette est effacée. Chaque année, plutôt que de devoir constater par exemple 68 milliards d’euros de perte pour la France, notre pays peut absorber sans trop de douleur 1 ou 2 milliards de remise de dettes pour Athènes. Idem pour la BCE et autres institutions gavées de dettes grecques.
Cela maintient la pression sur Athènes et permet de ne pas rendre forcément un effacement de dette automatique, tout en répondant par ailleurs à l’urgence humanitaire par une aide en nature que j’évoquais plus haut.
Encore une fois, la seule conclusion logique lorsque la raison ne l’emporte pas alors que de façon rationnelle un accord est parfaitement possible, c’est que l’une des parties ne veut pas d’un accord et je pense que nous sommes dans cette situation avec la Grèce et l’Allemagne qui n’en veut plus.
Hollande et Merkel toujours d’accord sur rien ou presque !
« Alors que le sommet de la zone euro doit débuter, la Chancelière allemande et le président français ont déclaré tous les deux vouloir « un accord très rapide ». Si Angela Merkel juge que, pour le moment, « le cadre de négociation ne permet pas de conduire à une nouvelle aide financière », François Hollande a exigé, de son côté, de « voir les propositions le plus rapidement possible ». »
Quand on lit ce genre de dépêche, on se dit qu’Hollande veut que la Grèce reste et que Merkel souhaite que la Grèce sorte…
Voilà ce que l’on pouvait dire ce soir d’une situation aussi claire que du jus de chique et dont seule l’Europe a le secret.
Au bout du compte, je pense que la Grèce sortira de l’euro. Ce que j’espère simplement pour l’Europe, pour l’euro et pour les Grecs, c’est que cela se fasse de façon concertée et politiquement construite car si cela était fait dans la panique, alors les pays les plus faibles de la zone euro seraient attaqués avec toutes les conséquences imaginables. Ce serait alors le retour du risque systémique et de l’effondrement global.