« Ah, c’est gratuit ? Alors vous m’en mettrez 10… Euh, non 100 plutôt ! » Ce qui est gratuit, ce que vous obtenez sans avoir rien donné ou produit en échange, n’a pas de valeur. Le revenu universel ne redonnera pas de pouvoir d’achat, il ne fera qu’accélérer notre déclassement.
La question du « pouvoir d’achat » préoccupe les Français paraît-il. Les Echos du 16 avril sur « ces trois grands sujets qui se sont imposés dans les débats » :
« Le pouvoir d’achat par unité de consommation, tel que le mesure l’INSEE, n’a pas baissé dans le pays mais aurait plutôt stagné durant la dernière décennie. Mais le sentiment de perte de pouvoir d’achat est pourtant très fort dans l’opinion. Parce que le quinquennat a été marqué par des hausses d’impôts importantes pour les ménages, même si elles ont largement compensé les classes populaires. Par ailleurs, les dépenses contraintes, telles que le logement, mais aussi les assurances diverses, ont, elles, eu tendance à augmenter. Tous les candidats ont donc bien compris la nécessité d’être présent sur le sujet ».
Dans un style étrange et jargonneux, Les Echos admet que depuis 10 ans notre pouvoir d’achat stagne. Les statistiques sont d’ailleurs contradictoires, voici deux exemples. D’abord l’INSEE pour qui tout va bien de ce côté :
Puis l’OFCE, organisme dit indépendant mais très proche de l’Etat :
En réalité, le pouvoir d’achat est une notion très complexe, et je vous assure que le coût de la vie est différent en Corse ou dans l’agglomération lilloise. Mais remarquez le lambeau de phrase concernant les hausses d’impôts. Bien que mal écrite, elle signifie que les hausses des impôts directs ont profité au pouvoir d’achat de ceux qui ne paient pas ces impôts. En 2014, seulement 45,6% des Français s’acquittaient de l’impôt sur le revenu…
Le pouvoir d’achat de ceux qui paient des impôts directs s’érode
Donc, ceux qui ne paient pas d’impôts directs ont eu un gain de pouvoir d’achat mais pas les autres. La phrase sur les dépenses contraintes est, quant à elle, assez claire : elles augmentent. Ces dépenses contraintes, ce sont le logement, l’électricité, le gaz, nos assurances, notre mutuelle santé, les diverses « mises aux normes » qu’on nous fait subir… Bref, tout ce que nous ne mettons pas dans notre caddie (version urbaine mondialisée) ou notre filet à provisions (version rurale, sans-dents). C’est surtout en raison de ces dépenses contraintes que nous perdons du pouvoir d’achat et que nous avons l’impression que tout nous échappe.
Bien sûr, il y a le logement. L’INSEE estime qu’il ne représente que 6% de nos dépenses. « L’indice des prix ne retient pas les remboursements des emprunts liés à l’achat d’un logement. (…) car les remboursements d’emprunt relèvent d’opérations financières. La part des loyers dans l’indice de prix est de 6%. Cela représente actuellement la part de ces dépenses dans l’ensemble de la consommation des ménages. Il s’agit d’un taux moyen, calculé pour l’ensemble des ménages, qu’ils soient locataires ou propriétaires. »
Nos dépenses contraintes sont à la merci de décrets
Ensuite, notre facture EDF, par exemple, devient insidieusement une feuille d’impôt supplémentaire. De multiples autres exemples nous montrent que nous avons de moins en moins de prise sur ces « dépenses contraintes ».
Le diesel était bon pour nous mais il n’est plus bon, il faut changer de voiture…
L’isolation de notre logement n’est plus « aux normes »…
En tant que copropriétaires, nous sommes trop bêtes pour planifier nous-mêmes nos travaux, il va falloir approvisionner un compte bloqué…
De tout cela, nos chers candidats n’ont cure. Ce qu’ils veulent, c’est une mainmise totale sur nos dépenses.
La dernière chimère du revenu universel
A l’autre bout, on trouve les récipiendaires du « revenu universel ». Qui déciderait du montant de ce revenu, sur quelles bases ? Mais ceux qui le reçoivent, pardi, car ils seront évidemment plus nombreux que ceux qui le financent. Comme c’est gratuit, eh bien, pourquoi pas 900 € ou 1 000 €, ou même 2 000 € pour ce revenu universel ? Il est bien normal que ceux qui reçoivent en veuillent toujours plus…
D’un côté ceux qui perdent du pouvoir d’achat et de l’autre ceux qui reçoivent quelque chose contre rien. Pour être élu, il suffit simplement que la seconde catégorie soit plus nombreuse. C’est cette farce qu’on appelle, de nos jours en France, la démocratie.
Note INSEE Pour comprendre… : Le pouvoir d’achat et les prix
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