Du 5 au 8 avril au Grand Palais, a lieu Paris Art Fair, l’autre grande foire d’art contemporain avec la Fiac. Un rendez-vous à ne pas manquer.
Paris Art Fair fête cette année sa 20e édition, la foire accueille 142 galeries originaires de 22 pays, la Suisse est l’invitée d’honneur. 20 ans, voici un âge avancé pour une manifestation d’une telle ampleur, et qui semble prouver qu’elle est bien installée dans le paysage culturel parisien et international, mais en est-on si sûr ? Y a-t-il la place pour deux foires d’art contemporain à Paris, se demande Le Journal des Arts dans son dernier numéro ? Peu de capitales dans le monde offrent en effet deux manifestations annuelles d’importance dans le domaine de l’art contemporain, outre Paris, tout juste peut-on citer New York (Armory Show et Frieze) et Londres (Frieze et London Art Fair).
Mais au-delà du nombre, c’est le positionnement qui importe et, dans ce domaine, Paris Art Fair souffre sans doute d’un déficit d’image. Déjà il faudrait raccourcir le nom de la manifestation, "Art Paris Art Fair", c’en est ridicule. Ensuite il faudrait plus jouer la carte de l’anti-Fiac, trop conceptuelle et souvent barbante, même s’il y a toujours de belles découvertes à faire. L’aura de la Fiac est telle que peu de visiteurs et encore moins de professionnels et de collectionneurs n’osent l’avouer, mais l’ennui rode souvent en octobre au Grand Palais.
Paris Art Fair ne devrait pas avoir peur, et pourrait même mettre en avant la couleur et le figuratif, quasiment exclus de la Fiac, insister sur la peinture et refuser les "installations" trop ésotériques. En somme jouer la carte du plaisir, de l’hédonisme, de la séduction, assumer l’opposition avec la Fiac de façon à montrer une plus grande diversité de la création contemporaine. C’est le cas pour cette édition, plus que les précédentes il nous semble, et c’est tant mieux. On aura par exemple noté les œuvres optiques de Chul-Hyun Ahn et les mégalopoles animées de Yang Yongliang à la Galerie Paris-Beijing, les tableaux oniriques de Stephen Peirce chez Mark Hachem, les visages de Hom Nguyen chez A2Z Art Gallery, l’iconographie très bande-dessinée de Mat Brown chez Christopher Cutts Gallery, les images "mode" détournées de Daniele Buetti à la Galerie Ernst Hilger.
Paris Art Fair devrait aussi défendre la création française, puisque c’était sa mission initiale lorsqu’elle est née et qu’elle se donnait en même temps que la Fiac, au Carrousel du Louvre, pour affirmer la scène française face à une manifestation jugée, avec raison, trop internationale au point de négliger les artistes locaux. C’est le cas pour cette édition puisqu’un hommage est rendu à 20 ans de la "scène française". On pourra voir notamment plusieurs grands formats grands format de Erro. On ne manquera pas non plus les tableaux-manifeste "Peinture pas morte" de Bernard Rancillac à la Galerie Françoise Livinec.
Un rendez-vous incontournable pour les amateurs d’art contemporain, et peut-être que bientôt la Fiac devra s’inquiéter du succès de Paris Art Fair !