Le dernier acte en date de la tragédie grecque — certainement pas le dernier — se joue “en extérieur” dans d’autres pays qui eux aussi voient naître des manifestations contre l’austérité et la “mort sociale”. Comme en Grèce, ces manifestations ont pour toile de fond le surendettement des finances publiques de ces dernières années.
Curieusement personne ne manifeste en faveur de budgets publics stables et d’une économie saine. L’exemple le plus curieux est celui des Etats-Unis : le pays vivant depuis des années au-dessus de ses moyens et les dépenses publiques dépassant constamment les revenus, le déficit public a atteint 18 152 milliards (103% du PIB) faisant de lui le pays le plus endetté nominal du monde.
Cependant, les comparaisons internationales doivent être faites avec beaucoup de prudence. Dans la Zone euro, la dette publique s’élève actuellement à près de 8 000 milliards d’euros — toutefois, ce chiffre comprend non seulement les dettes gouvernementales mais aussi les dettes des départements et des communes. Les statistiques américaines sont très souvent basées sur la dette gouvernementale détenue par le public (held by the public), qui s’élève seulement à 13 114 milliards de dollars (74% du PIB). Le ratio officiel de la dette américaine est calculé avec ce montant de la dette et ne reflète que la dette publique détenue par les créanciers privés.
L’institut américain CBO (Congressional Budget Office) a publié des prévisions à long terme sur l’évolution de la dette du gouvernement. Bien que le taux des nouveaux emprunts devrait se stabiliser à moins de 3% dans les prochaines années, le CBO prévoit, à moyen terme, une augmentation significative.
La dette ne cesse d’augmenter ?
Selon le CBO, le vieillissement de la population et une plus large aide sociale auront pour conséquence une augmentation de la dette d’environ 7 400 milliards de dollars dans les 10 prochaines années.
En 2040, le ratio devrait atteindre 103% du PIB. Le CBO voit des conséquences négatives pour la crédibilité du budget américain. Les investisseurs pourraient être amenés à émettre des doutes sur la capacité du gouvernement à s’acquitter de ses obligations de paiement. Leur conclusion pourrait être que la “tragédie grecque” pourrait avoir son pendant outre-Atlantique.
A la fin de la présidence d’Obama, on estime que la dette publique sera proche de 22 000 milliards de dollars ; dans 10 ans 25 000 milliards et 30 000 milliards en 2030. L’an dernier, le gouvernement américain a payé des intérêts débiteurs à hauteur de 220 milliards de dollars et en 2023 le montant sera de 823 milliards de dollars (source : CBO).
Le CBO suppose que les taux d’intérêt directeurs à moyen/long terme peuvent rester très bas. Toutefois, une vue plus réaliste qui assume une normalisation de la courbe des taux voit plutôt les taux monétaires à 2-3% et les rendements des obligations à 10 ans à 4-5%. Dans le cas d’un taux de 4%, le paiement des intérêts pourrait atteindre environ 1 000 milliards en 2025. Le déficit budgétaire en 2014 a été de 484 milliards de dollars. Un tel niveau d’intérêts débiteurs à payer est insoutenable.
Le service de la dette (intérêts et remboursement) deviendra une barrière économique insurmontable. Il semble peu probable que les marchés financiers seront en mesure de surmonter cet obstacle sans l’aide de la Fed et sans QE. Le taux nominal de croissance du PIB restera faible dans la durée. En 2014, le taux d’épargne des particuliers a été seulement 4,9% du revenu disponible — près du plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Conclusion?
La tragicomédie du surendettement des Etats-Unis deviendra de plus en plus grotesque, battant chaque année son record d’endettement établi l’année précédente. Il y a longtemps que la note de solvabilité des Etats-Unis aurait du être revue à la baisse par les agences de notation.
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