La Banque des règlements internationaux découvre 13 000 Mds$ de dette hors bilan et avoue buter sur l’énigme de l’inflation.
13 000 Mds$, ce n’est pas une paille. Presque six fois la taille de l’économie de la France, plus que celle de la Zone euro. Comment se fait-il que cela soit passé inaperçu, vous demandez-vous peut-être ?
Vous le savez, nous vivons dans un monde étrange où la monnaie est du crédit qui peut être accordé à l’infini et dont les intérêts sont actuellement très faibles. La masse des crédits existants échappe à tout contrôle et dépasse largement nos capacités de remboursement. Mais comment peut-on être assez bête pour prêter trop d’argent ? Si quelqu’un prête 1 Md€ à mon voisin, tout le monde sait dans le département qu’il ne pourra jamais rembourser.
Aujourd’hui, c’est différent pour deux raisons. En premier lieu, le prêteur prête de l’argent qui n’existe pas. C’est le privilège des banques d’aujourd’hui qui avec 1 € de fonds propres font surgir 10 à 30 € de crédit. En deuxième lieu, prêteur et emprunteur n’ont bien souvent plus aucun lien de relation humaine, ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais vus et ne se verront jamais. En l’occurrence, il s’agit de dettes d’institutions non financières, en dehors des Etats-Unis et qui échappent à toute comptabilité officielle, du « hors bilan ».
Quand quelqu’un achète à terme un actif à l’étranger, pour se prémunir du risque de change, il peut :
- prendre un contrat à terme sur la devise,
- prendre un swap (un échange de devises pour une durée déterminée),
- effectuer une « mise en pension » de titres. Dans ce cas, il vend quelque chose, encaisse le prix correspondant, mais s’engage à racheter à sa contrepartie ce qu’il a vendu à un prix convenu. On appelle cela « mise en pension », repository, ou repo.
Les deux premiers cas apparaissent au bilan mais pas le troisième. La BRI vient de faire les comptes concernant ces repo et est arrivée à ce montant de 13 000 Mds$. Ceci augmente considérablement le poids de la dette dans le monde, qui est probablement de l’ordre de 225 000 Mds$.
Reuteurs indique :
« La vulnérabilité des bilans à des taux d’intérêt plus élevés est une question décisive pour l’économie mondiale. […] Le pourcentage croissant d’entreprises incapables de couvrir le paiement des intérêts avec leurs résultats – les entreprises zombies – ne présage rien de bon ».
Avec tout ce crédit surabondant, comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu d’inflation, ce qui aurait poussé les taux à la hausse et régulé la grande chaudière de l’économie mondiale, se demande également la BRI ? « C’est inquiétant, personne ne connaît la réponse », indique-t-elle. On peut cependant hasarder une hypothèse.
Il y a en réalité une gigantesque inflation de tous les actifs financiers (actions, obligations, immobilier). Cette inflation ne se traduit pas par une hausse des prix de la vie courante car les salaires n’augmentent pas. « L’effet richesse » des néo-keynésiens est aussi bidon que la théorie keynésienne de l’enrichissement par la consommation.
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