Il est nécessaire de prendre des initiatives budgétaires expansionnistes et de préserver l’ouverture des échanges pour aider l’économie mondiale à sortir de la croissance molle dans laquelle elle se trouve aujourd’hui piégée, peut-on lire dans les dernières Perspectives économiques mondiales de l'OCDE.
« Après cinq années de résultats d’une faiblesse décevante, des perspectives de croissance légèrement plus forte s’ouvrent à l’économie mondiale » a déclaré leSecrétaire général de l’OCDE M. Angel Gurría à l’occasion du lancement des Perspectives. « Dans le contexte actuel des faibles taux d'intérêt, les responsables de l’action publique ont une occasion unique d’actionner plus activement les leviers budgétaires pour stimuler la croissance et réduire les inégalités, sans compromettre les niveaux d'endettement. Nous les appelons instamment à le faire » a poursuivi M. Gurría.
Selon les prévisions figurant dans les Perspectives, des initiatives comportant des dépenses publiques judicieusement ciblées pourraient servir de catalyseur à l’activité économique dans le secteur privé, et aider l’économie mondiale à sortir du piège de la croissance molle. Le changement continu ou projeté d’orientation budgétaire dans un certain nombre d'économies majeures explique en grande partie la croissance modeste du PIB mondial, porté à 3,3 % en 2017 à et 3,6 % en 2018.
Parmi les grandes économies avancées, l’activité devrait s’accélérer aux États-Unis, portée par l’hypothèse d’un assouplissement de la politique budgétaire, et l’économie pourrait ainsi croître de 2,3 % en 2017 et de 3 % en 2018. Dans la zone euro, la croissance ressortira à 1,6 % en 2017 et à 1,7 % en 2018. Au Japon, la croissance devrait selon les prévisions s’établir à 1 % en 2017 et à 0,8 % en 2018. La zone OCDE à 35 devrait afficher une croissance de 2 % en 2017 et de 2,3 % en 2018, selon les Perspectives.
En Chine, où le rééquilibrage se poursuit, la croissance devrait continuer de s’infléchir à la baisse et passer à 6,4 % en 2017 puis à 6,1 % en 2018. Les taux de croissance enregistrés par l’Inde devraient se stabiliser légèrement au-dessus de 7,5 % sur la période 2017?18, mais dans nombre d’économies de marché émergentes, le rythme de croissance devrait rester beaucoup plus lent. Le Brésil devrait sortir en 2017 de la récession profonde qui l’a frappé, après quoi son économie progressera de 1,2 % en 2018.
Les Perspectives attirent l’attention sur le contexte qu’il convient d’exploiter pour lancer de nouvelles initiatives budgétaire, sur fond de politique monétaire exceptionnellement accommodante qui a amené les taux d’intérêt à des niveaux très bas et permis de dégager ainsi une marge de manoeuvre budgétaire. Une hausse annuelle ciblée des dépenses publiques représentant l’équivalent de ½ pour cent du PIB pourrait être financée pendant plusieurs années dans la plupart des pays sans accroître le ratio dette-PIB à moyen terme. L’impact serait encore amplifié si cette initiative était couplée à des réformes structurelles et si l’action était menée collectivement dans les pays, selon les Perspectives.
« Ce n’est pas un blanc-seing donné aux gouvernements » a précisé M. Gurría. « L’OCDE préconise de faire un usage plus judicieux de la politique budgétaire, en ciblant les dépenses sur des domaines susceptibles de stimuler la croissance comme les investissements dans des infrastructures de grande qualité, l’innovation, l’éducation et les compétences, qui contribuent également à rendre la croissance plus inclusive. »
Les Perspectives relèvent plusieurs risques financiers dans un contexte où l’instabilité des taux de change et des mouvements de capitaux, conjuguée à des distorsions dans la fixation des prix des actifs, met au jour la vulnérabilité des bilans des entreprises, particulièrement sur les marchés émergents, et menace la rentabilité des banques ainsi que la stabilité à long terme des régimes de retraite dans les économies avancées.
Un renforcement du protectionnisme risquerait par ailleurs de mettre à mal la croissance déjà modeste des échanges mondiaux.
« Le protectionnisme, et les inévitables mesures commerciales de rétorsion qu’il entraîne, annulerait une grande partie des effets bénéfiques que les initiatives budgétaires proposées pourraient avoir sur la croissance au niveau national et international » a déclaré la Chef économiste de l’OCDE Mme Catherine L. Mann. « Il est aussi probable qu’il entraînerait une hausse des prix, qu’il porterait atteinte aux niveaux de vie et que la situation budgétaire des pays s’en trouverait dégradée. Le protectionnisme permet peut-être de préserver les emplois de quelques-uns, mais il assombrit les perspectives et nuit au bien-être de nombreux autres. »
Dans les Perspectives, l’OCDE appelle les gouvernements à éviter les politiques protectionnistes et les encourage plutôt à mettre en œuvre des trains de mesures structurelles propres à créer davantage de possibilités d’emplois, à accroître le dynamisme des entreprises et à favoriser les réaffectations de ressources, de manière à ce que les avantages des échanges soient plus largement partagés entre tous. »