Trois petits tours et puis… ne s’en vont pas

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Par Jacques Bichot Publié le 7 novembre 2020 à 9h07
Coronavirus Covid
@shutter - © Economie Matin
20%En novembre 2020 le taux de positivité aux tests de dépistage de la Covid-19 en France a franchi les 20%.

Pour nos dirigeants, la pandémie provoquée par le coronavirus est visiblement une simple mauvaise passe à traverser : viendra un jour où les Covid tireront leur révérence. En somme, comme les petites marionnettes de la chanson, « trois petits tours et puis s’en vont » ! Nos chefs attendent leur sortie, en nous priant de bien vouloir patienter. Ont-ils raison ?

La grippe n’a pas disparu, pourquoi le covid ne serait-il pas durable lui aussi ?

Je ne suis ni épidémiologiste, ni biologiste, ni médecin ; je n’ai donc aucun titre pour répondre à cette question. En revanche, comme simple citoyen aimant l’Histoire, je m’inquiète de voir nos dirigeants se comporter à l’image de leurs prédécesseurs qui voyaient la « der des der » dans ce qui n’était jamais que le dernier en date des grands conflits. Nous avons pris l’habitude de vivre avec la grippe, ou plus exactement avec les grippes successives, parfois plus virulentes et parfois moins ; il se pourrait que nous devions pareillement prendre l’habitude de vivre avec les coronavirus.

Si vis pacem, para bellum

« Si tu veux la paix, prépare la guerre » : l’antique adage s’applique parfaitement à la guerre que l’humanité est contrainte de mener contre les maladies contagieuses si elle ne veut pas disparaître. Peut-être les coronavirus s’en iront-ils comme ils sont venus, sans rien demander à personne, mais cela n’a rien de certain. Il faut donc s’organiser, en cherchant bien sûr à les éradiquer, mais aussi, car l’éradication n’est rien moins que certaine, en trouvant le moyen de nous en accommoder, comme nous faisons de divers virus, bacilles, microbes et autres parasites.

Malheureusement, l’action des pouvoirs publics français (et, j’en ai peur, de bon nombre de leurs homologues) ne semble pas aller dans cette direction. Le premier confinement a été typique : il fallait faire un grand sacrifice, renoncer à nos habitudes, à nos plaisirs, et même à notre travail, le temps que le coronavirus, de guerre lasse, abandonne la partie. Il a un peu reculé, ce qui a permis un début de retour « à la normale », puis il a repris, comme on dit, « du poil de la bête », et nous voici à nouveau confinés. L’idée de se préparer à une coexistence belliqueuse de longue durée ne semble pas avoir germée dans l’esprit de nos dirigeants, à moins qu’ils ne cachent leur jeu, désireux de ne pas « désespérer Billancourt », comme on disait à la belle époque de la Régie Renault.

Yersin, reviens !

Pourtant, ce dont nous avons besoin, nous tous les êtres humains, c’est de nous disposer à une guerre de longue durée. Peut-être en sortirons-nous carrément vainqueurs, comme nous l’avons été jadis de la peste, ennemi oh combien redoutable, vaincu au terme de combats séculaires.

La peste bubonique fit ses plus grands ravages au XIVème siècle, à une époque où la science n’était guère développée. Elle fut contenue bien plus tard, lorsque Yersin, en 1894, trouva le moyen de fabriquer un sérum efficace contre ce bacille. Heureusement, nous avons aujourd’hui des chercheurs beaucoup plus nombreux, bénéficiant des connaissances acquises par leurs prédécesseurs, et dont quelques-uns ont certainement des qualités analogues à celles de Yersin : c’est évidemment dans les laboratoires, plus que dans les palais nationaux, que se concoctera la solution.

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Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres, de "La retraite en liberté" au Cherche Midi et de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux éditions L'Harmattan.

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