Comme vous le savez sans doute, à compter du 1er septembre 2015, le seuil au-delà duquel il est interdit de régler une transaction en liquide passera de 3 000 euros à 1 000 euros. L’objectif de cette mesure, assure-t-on au ministère, est de lutter contre les « actions de fraude, de blanchiment » et, forcément, « de financement du terrorisme ».
Évidemment, avec une bonne dose d’humour, le coup de la lutte contre le financement du terrorisme a de quoi faire sourire ; c’est la tarte à la crème du moment — ce gouvernement entend manifestement nous resservir cette excuse ridicule à toutes les sauces pour mieux faire passer la pilule des tombereaux de lois liberticides dont il se fait le champion.
Évidemment, tout le monde a immédiatement pensé à une mesure essentiellement fiscale ; notre bon gouvernement entend ainsi ramener dans le circuit officiel cette partie de l’activité économique qui tente désespérément de survivre en échappant, au moins partiellement, au matraquage de Bercy — il n’est bien sûr pas question des multinationales mais de votre coiffeur, votre plombier, l’épicerie du coin… bref toutes ces petites entreprises qui, nous le savons tous, mettraient la clef sous la porte du jour au lendemain si elles ne bénéficiaient pas de cette soupape.
Mais il existe une autre raison qui, dans le contexte actuel, pourrait expliquer qu’on cherche à nous obliger à utiliser de la monnaie scripturale plutôt que des billets de banque : il s’agirait d’aider nos banques à rester liquides si, d’aventure, l’état de nos finances publiques devait dégénérer en un scénario à la grecque. Du point de vue du timing, vous admettrez que ça tombe plutôt bien et en matière de communication, il va de soi que ces choses-là ne se disent pas ouvertement.