« Novembre vivant »: le combat des médecins n’est pas mort

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Par Patrick Crasnier Modifié le 16 juin 2016 à 9h47
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(c) Patrick Crasnier - © Economie Matin
281 087En 2015, la France comptait 281 087 médecins.

C’est avec le slogan « novembre vivant » que l’UFML (union française de la médecine libérale) son président Jérôme Marty, la FDSL (fédération des dentistes libéraux) et son président Patrick Solera, ont organisé une réunion importante à Toulouse le samedi 11 Juin 2016.

Une mobilisation réussie pour un premier pas dans cette action nommée « novembre vivant » environ 150 personnes de toute la France sont venues dans cette salle du Sénéchal de Toulouse pour se réchauffer aux propos des uns et des autres et pour tenter de construire l’avenir. Toutes les professions médicales étaient représentées ou presque, infirmières, dentistes, chirurgiens du BLOC, kinésithérapeutes, podologues, orthophoniste, et opticiens et bien sur médecins. Beaucoup s’étaient inscrits mais ont été empêchés par les grèves de venir ce samedi. On peut même penser que sans ces grèves cette salle de réunion aurait été beaucoup trop petite (50 infirmières de Bordeaux inscrites mais bloquées par exemple)

Dès l’apparition à la tribune de Jérôme Marty le ton était donné, le 13 Novembre les attentats ont stoppé une action d’envergure nationale pour combattre la loi santé. Immédiatement le gouvernement s’est empressé de faire voter cette loi avant que les hostilités ne puissent reprendre. Cette action avait crée l’affolement chez les politiques car son importance était telle que la victoire était pratiquement assurée. Les évènements graves en ont décidé autrement, aujourd’hui cette loi est en place et l’ensemble des professions de santé libérales sont en danger, il est temps de se mobiliser de nouveau.

Il est temps de reprendre le combat affirme Jérôme Marty, tous ensemble car c’est l’ensemble des professions de santé qui est en grand danger : «  La loi est passée, certains décrets aussi, les réseaux de soins se mettent en place, véritable cancers de la profession de santé. Les discussions conventionnelles n’aboutiront a rien, nos professions libérales sont en train de mourir, nous n’avons plus beaucoup de temps pour agir » .Tonnerre d’applaudissement, l’heure est a la mobilisation c’est une certitude.

Viennent ensuite les nombreux témoignages des différentes professions pour faire un état des lieux de la santé. Les infirmières commencent « Nous sommes une des professions les plus attaquées, même les indemnités kilométriques ne sont plus payées » « Avec la loi santé nous sommes exclues de la HAD, c’est un détournement de patientèle. » «  Premières victimes du tiers payant généralisé nous avons de très grandes difficultés à nous faire payer notre travail. » « Le tiers payant généralisé c’est le moyen de pression financière pour nous étrangler. »

Après cette première intervention suivirent les opticiens et les dentistes. Ce fut le tour de l’attaque en règle des réseaux de soins crées par les compagnies d’assurances avec comme seul objectif faire de l’argent en diminuant les marges des professionnels (un peu comme les agriculteurs et la grande distribution) Le témoignage poignant d’un responsable des opticiens, étranglés jusqu’à la limite du dépôt de bilan. Toujours plus de diktats des réseaux, toujours moins de marges , toujours de plus en plus de menaces des assurances pour développer le marché internet. Les dentistes aussi , refusant les réseaux imposant les soins low cost, les prothèses de sous qualité (mais pas chères) tout en faisant payer toujours plus leurs adhérents, les scandales a répétition qui commencent a faire la une de la presse de ces cabinets dentaires de réseaux en sont une preuve.

Toutes les autres professions de santé se sont succédées à cette tribune pour faire une sorte d’inventaire a la Prévert des tout ce qui est mis en place par l’idéologie politique pour tuer la liberté de soigner. Le constat est général, les premières victimes sont les patients mais ils ne s’en rendent pas compte encore vraiment.

On a même entendu a la tribune le président de l’association Française des petites mutuelles ADPM, Monsieur Jean Louis SPAM, tout a fait d’accord pour tenter des actions avec comme seul but sauver la santé en évitant les marchands du temple. Son intervention très remarquée est le signe que les médecins et les autres professions de santé ne sont pas seuls dans leur combat, les vrais mutualistes (et pas les grandes compagnies d’assurances) sont aussi très inquiets de la mort de la médecine de proximité. Ses vives critiques sur les réseaux de soins « véritable piège pour les patients » et la mutuelle obligatoire et son panier de soins réducteurs, ont été très applaudies.

Une fois terminée cet état des lieux, ce fut le tour des propositions concrètes. Jérôme Marty propose une évolution de l’UFML en une UFML pluri pro, avec un nouveau bureau où siègeront toutes les professions de santé. (Y compris les pharmaciens qui n’étaient pas représentés ce soir) Une UFML pluri pro en marche vers des actions concrètes et ponctuelles jusqu’au mois de Novembre. Ce mois de Novembre où vont avoir lieu les élections primaires de la droite et pour lesquelles, les professions de santé demanderont à chaque candidat de se positionner concrètement pour l’avenir de la santé en France. Une cible un peu restrictive (de l’avis de certains) car la France ce n’est pas la primaire de droite, bien d’autres candidats de tous les partis doivent être interrogés sur ce thème. Sauf peut être le parti socialiste qui a déjà démontré par le passé sa capacité de destruction de la santé en France.

Ce terme de « Novembre vivant » n’a pas été le choix du hasard, il est porteur de l’espoir des professions de santé mais il est aussi un hommage a tous ceux qui ont trouvé la mort en novembre 2015 le même jour que le « Black Friday » Ce combat du mois de novembre sera celui de la dernière chance de voir la santé revivre ou mourir sous la forme libérale et libre. Le premier article de la loi, l’article 1 donnant à l’état la gestion de la santé, est le premier objectif. Il faut supprimer cet article qui donne tout pouvoir a l’état sur la santé des Français et sur les professions de santé. Retrouver la liberté de soigner et de respecter la déontologie (ce qui n’est plus possible aujourd’hui) doit précéder tout le reste. Bien sur les actions stériles des syndicats, faisant semblant de discuter et négocier de nouvelles conventions tout en acceptant l’idéologie de cette loi santé, ont été montrées du doigt.

Puis ce fut le grand moment convivial où chacun y allait qui de sa question, qui de sont témoignage. Nombre de médecins ou autres professions de santé auraient aimé s’exprimer mais le temps passait trop vite, il fallait libérer la salle pour 11 Heures. Cette réunion s’est terminée sur une sorte d’exaltation commune, il faut faire quelque chose et nous le feront. La démultiplication de ces 150 personnes dans les régions sera à coup sur le départ d’une très grande mobilisation nationale en fin d’année pour accompagner les élections et les campagnes électorales.

En attendant chacun dans sa profession prépare les outils de la contestation, les actions à venir dans les cabinets médicaux, par exemple, refus total du tiers payant généralisé, d’autres actions se concrétisent partout et vont monter en puissance d’ici l’été.

Avant de conclure, l’ensemble de la salle a revêtu les tees shirt de l’UFML je suis libre (avec loi santé barré) pour se rendre place du capitole et y faire la photo symbolique du départ de « Novembre vivant ».

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.