Les inégalités de revenu s’aggravent dans de nombreux pays, et les disparités régionales constatées en matière de logement, de sécurité et de qualité de l’air se creusent aussi dans bien des cas, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
Pour le Panorama des régions de l’OCDE 2016, la plupart des pays parviennent à réduire l’écart interrégional qui prévaut dans les domaines de l’éducation et de l’accès à l’Internet, mais les disparités de PIB par habitant, de revenu disponible, de sécurité et de pollution atmosphérique, bien souvent, se creusent. L’écart de revenu disponible par habitant séparant les régions les plus riches des régions les plus pauvres de la zone OCDE a progressé de 1,5 % par an en moyenne sur la période 2000-13, et a le plus augmenté en République slovaque, en Australie, en République tchèque et au Canada.
Le rapport, qui examine des indicateurs au niveau local dans plus d’une quarantaine de pays, montre que de nombreuses régions s’efforcent d’accroître la productivité des entreprises et des individus, et de restaurer l’emploi. En Espagne, en Italie et en Turquie, on relève entre les taux de chômage les plus élevés et les plus faibles un écart de 20 points de pourcentage qui est identique à celui qui sépare les taux de chômages nationaux de la Grèce et de la Norvège.
« Le fait de comprendre les inégalités régionales qui se cachent derrière les moyennes nationales peut nous aider à améliorer le bien-être et la prospérité au niveau national et mondial, conformément aux Objectifs de développement durable », a indiqué la Secrétaire générale adjointe de l’OCDE Mari Kiviniemi en présentant le rapport à la118e session plénière du Comité européen des régions. « Nous avons besoin d’un tableau de bord complet regroupant des indicateurs qu’il nous appartient de faire avancer, sans en oublier, dans la bonne direction. »
Le rapport couvre l’ensemble des 34 pays de l’OCDE et, lorsque les données sont disponibles, l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, la Colombie, la Fédération de Russie, l’Inde, la Lettonie, la Lituanie et le Pérou.
Il s’accompagne du site internet sur le bien-être régional de l’OCDE, qui détaille les performances de 395 régions infranationales des 34 pays de l’OCDE dans 11 domaines : revenu, emploi, éducation, santé, sécurité, environnement, logement, satisfaction à l’égard de l’existence, engagement civique, liens sociaux et accès aux services. Les régions sont notées sur 10 pour chacune de ces dimensions du bien-être.
Le site classe les régions au premier niveau administratif des collectivités infranationales – par exemple les provinces canadiennes, les Länder allemands et les États des États-Unis.
Les 11 facteurs, qui sont représentés sous forme de « pétales » colorés, reposent sur des données telles que le revenu disponible par habitant et le taux de participation aux consultations électorales, mesurées à l’échelon local. Un clic sur un pétale fait apparaître l’indicateur sous-jacent, ainsi qu’un tableau de bord qui situe la région face aux autres régions et classe les pays selon l’ampleur des inégalités régionales.
Le site internet s’inscrit dans l’Initiative du vivre mieux de l’OCDE, qui intègre l’Indicateur du vivre mieux, lequel permet aux utilisateurs, en fonction de leurs priorités propres, de comparer le bien-être dans différents pays.
Les données régionales permettent de faire les autres constats suivants :
· Les régions suisses sont en tête du palmarès pour ce qui est de la satisfaction à l’égard de l’existence. Les régions hongroises se classent dernières pour cette dimension. Les notes oscillent entre 4.4/10 en Turquie orientale et 8.6 au Campeche (Mexique).
· L’Italie, la Turquie et la Belgique affichent les plus fortes disparités régionales du point de vue des taux d’emploi.
· La Turquie, le Mexique et Israël présentent les plus fortes inégalités de revenu de la zone OCDE.
· Les États-Unis, l’Estonie et le Mexique affichent les écarts régionaux les plus marqués pour la santé, mesurée par le taux de mortalité et l’espérance de vie. Au niveau des villes, différents quartiers de Londres montrent un écart d’espérance de vie de 20 années, soit plus de deux fois l’écart de 8 années qui sépare les espérances de vie des pays de l’OCDE.
· Dans 55 % des régions de la zone OCDE, l’espérance de vie à la naissance dépasse désormais 80 ans. Dans toutes les régions, les femmes peuvent espérer vivre près de 6 années de plus que les hommes.
· La productivité de la main-d’œuvre est souvent plus élevée en ville qu’à la campagne. L’écart de productivité entre les régions urbaines et les autres régions, mesurée par la différence de PIB par travailleur, atteignait 30 % en 2013 dans les pays de l’OCDE, et était plus marqué en Amérique du Nord et en Europe qu’en Asie.
· Le Pays de Galles est la région britannique la mieux placée, et le Grand Londres la moins bien placée, pour ce qui est de la sécurité. En termes de liens sociaux, l’Écosse et le Nord-Est de l’Angleterre sont respectivement en tête et en queue de peloton. L’Irlande du Nord est dernière pour le revenu et l’éducation.
· Le Mexique présente la plus forte variation régionale des taux d’homicides, avec 2.4 meurtres pour 100 000 habitants dans le Yucatan et près de 65 meurtres pour 100 000 habitants dans l’État du Guerrero.
· Ces 15 dernières années, la population âgée des pays de l’OCDE a augmenté plus de cinq fois plus que le reste de la population. Dans 26 pays de l’OCDE sur 33, la dépendance des seniors est plus élevée dans les régions rurales que dans les régions urbaines.
Comprendre les variations régionales a son importance : dans la zone OCDE, les exécutifs locaux et régionaux représentent environ 40 % de la dépense publique, et 60 % des investissements publics. Ils jouent un rôle crucial dans la commande publique et en tant que prestataires de services dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, de la santé et de la protection sociale.
« Cette publication nous aidera à nous tenir au courant de la nouvelle dynamique interne à l’Europe, qu’il s’agisse des évolutions démographiques à la campagne et en ville ou des mutations de la pyramide des âges. Le Comité européen des régions et l’OCDE ont un rôle central à jouer dans la diffusion de bonnes pratiques et l’assistance apportée aux pays, aux régions et aux villes pour mettre en œuvre les recommandations de l’OCDE », a indiqué le Président du Comité des régions, Markku Markkula, à propos du rapport