Les États-Unis n’achèteront plus de pétrole russe, a annoncé le président américain, Joe Biden, le 8 mars 2022. Les négociations sur une mesure identique en Europe n’ont cependant pas porté leurs fruits.
Embargo américain sur les énergies fossiles russes : pour les États-Unis, l’impact sera minime
Les entreprises américaines n’ont plus le droit de conclure de nouveaux contrats pour l’achat de pétrole, gaz ou charbon russe, après que le gouvernement américain a imposé un embargo sur ces produits, le 8 mars 2022. Les contrats déjà signés peuvent néanmoins être exécutés dans les 45 prochains jours maximum. « Nous ne participerons pas au subventionnement de la guerre de Poutine », a déclaré Joe Biden, qualifiant cette décision d’un « coup dur » pour la capacité de la Russie à financer sa guerre en Ukraine. Les Américains souffriront aussi, certes, lorsqu’ils feront leur plein, a admis Joe Biden, tout en arguant que « défendre la liberté va avoir un coût ».
Malgré ces déclarations fortes, il faut garder à l’esprit que la mise en place de cet embargo n’aura finalement pas d’impact fort sur les États-Unis. En effet, le pétrole russe ne représente que 3% des importations américaines. En plus, les États-Unis sont eux-mêmes une puissance pétrolière et n’ont pas de besoin vital à importer du pétrole russe. Enfin, ces dernières semaines, les géants pétroliers tels ExxonMobil et BP ont eux-mêmes annoncé l’arrêt de leurs achats de pétrole russe. Quant à Shell, après avoir acheté un cargo de pétrole russe le 5 mars 2022, qui lui a valu de puissantes critiques, le géant danois a lui aussi annoncé l’arrêt de ses achats.
Imposer un embargo sur le gaz et pétrole russes, pas évident pour l’Europe dans l’immédiat
En Europe, les choses se présentent tout autrement. La visioconférence qui a eu lieu le 7 mars 2022 entre Joe Biden, Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Boris Johnson n’a pas permis de déboucher sur une position commune entre les États-Unis et l’Europe, ni même entre les différents pays européens. À l’issue des débats, la France et le Royaume-Uni ont tous les deux annoncé leurs intentions de « renforcer les sanctions » et « accentuer la pression » sur la Russie, sans pour autant évoquer l’arrêt des achats de gaz et pétrole en provenance de ce pays.
Et cela se comprend : à la différence des États-Unis, l’Europe est très dépendante des importations de gaz et pétrole : 90% du gaz et 97% du pétrole consommés dans l’Union européenne sont importés. Et la Russie est un fournisseur majeur : 40% du gaz et 20% de pétrole consommé en Europe proviennent de ce pays. Mais ce ne sont que des moyennes. Pour l’Allemagne, par exemple, la dépendance vis-à-vis des exportations russes est particulièrement élevée : le pétrole russe pèse en effet pour 42% dans ses importations de pétrole, et 55% dans ses importations de gaz.