S'il est une chose incontestable, c'est la cohérence des nominations aux postes clefs du gouvernement Valls II. Najat Vallaud Belkacem à l'Education Nationale est recompensée pour sa fidélité à la ligne Hollande, tout comme Christiane Taubira à la Justice, trois fois confirmée. Et tant pis si cela cristalise contre eux une vive opposition - adversaires de la théorie du genre et du mariage pour tous, pour ne pas les nommer - Hollande et Valls ne cherchent pas à redevenir populaire à droite. Logique.
Mais la plus cohérente des nominations, c'est bien celle d'Emmanuel Macron, un "Hollande boy" pur jus, au poste de ministre de l'Economie. On dira ce qu'on veut, mais en politique, 36 ans, c'est jeune. Le nouveau ministre de l'Economie sera d'abord et avant fidèle à ses maîtres, qui lui ont donné cette chance extraordinaire de prendre en main l'un des portefeuilles les plus importants, pour ne pas dire le plus important en ce moment. Enarque, inspecteur des finances, jamais élu, marié à sa professeur de français de lycée âgée de vingt ans de plus que lui - et déjà mère de famille lorsqu'il l'a rencontrée - Emmanuel Macron a un profil atypique. Mais ce qui est certain, c'est qu'il sera fidèle à la doxa politique de François Hollande, dont il était encore voici quelques mois conseiller, puis secrétaire général adjoint de l'Elysée.
Son logiciel ? Social-démocrate, pour ne pas dire, capitaliste. On le sait partisan de la politique de l'offre et non de la relance keynesienne dont Arnaud Montebourg, des trémolos dans la voix, louait les mérites lors de son discours de rupture lundi après-midi. Ancien banquier d'affaires, chez Rotschild, il connait le monde de l'entreprise et de la finance, de près, de très près. En fait, c'est l'anti-Montebourg, l'anti Front de Gauche, le tenant du "grand capital" qui prend d'assaut le ministère de l'Economie. Pas étonnant que Jean-Claude Mailly et Thierry Lepaon aient grimacé à l'annonce de sa nomination !
Désormais, plus de surprises - de couacs- à attendre quant à la politique économique de la France, ni quant à l'analyse de la situation. Le constat - lucide - dressé depuis des mois par Manuel Valls est sans aucun doute celui d'Emmanuel Macron, et les solutions proposées par le Premier ministre, depuis qu'il est à Matignon, devraient enfin pouvoir être mises en oeuvre sans que la charrue tire à hue et à dia. Si en plus l'exécutif à en tête d'augmenter la TVA, pour compenser les recettes fiscales qui peinent à rentrer, ou, espérons le, pour alléger les charges des entreprises, ce n'est pas Emmanuel Macron qui devrait s'y opposer, mais bien plutôt se l'approprier et en faire son grand chantier, sa grande réforme. L'homme de la dernière chance ? Réponse dans six mois.