L’épargne de demain sera numérique et sera verte. Mais pour l’heure, peu de Français se voient proposer des investissements ISR alors que leur intérêt pour ces placements éco-responsables ne cesse de croître.
Lors du One Planet Summit fin 2017, Bruno Le Maire avait fait la part belle à l’investissement vert, souhaitant “offrir à chaque Français la possibilité de placer leur épargne dans un produit qui finance la transition énergétique et l'adaptation au changement climatique”. Pour réaliser ses ambitions, le gouvernement avait annoncé, entre autres, que l’épargne du Livret Développement Durable et Solidaire, gérée par la Caisse des dépôts, serait davantage allouée vers des projets finançant la transition écologique.
Les Français peuvent s’en réjouir car beaucoup d’entre eux sont sensibles à l’aspect responsable et environnemental de leurs placements. D’après une étude Ipsos pour le Forum Pour l’Investissement Responsable, ils sont 48% à accorder de l’importance aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placement. Une tendance qui promet de s’accentuer avec le temps. N’oublions pas, en effet, que la génération desmillenials, née avec la création d’internet, a aussi grandi avec le réchauffement climatique et l’intérêt croissant pour l’écologie. Il est donc clair que l’épargne de demain, en plus d’être numérique, devra être verte.
L’offre ne suit pas la demande
En réponse à ces nouvelles attentes, le label ISR (Investissement Socialement Responsable) a été créé en 2016 sous l'impulsion du Ministère des Finances pour permettre aux investisseurs particuliers d’identifier les placements responsables et durables, tous secteurs d’activité confondus. Depuis, les fonds labellisés se comptent par dizaines, portés par l’investissement des institutionnels. Désormais, il existe même des ETF (Exchanged Traded Funds) sélectionnant les entreprises en fonction de critères environnementaux et sociaux. Toutes les briques pour permettre aux particuliers de verdir leur épargne existent donc... ou presque.
Malgré leur intérêt pour l’épargne durable, seuls 3% des Français se sont vus proposer des investissements ISR en 2017. La brique manquante ? Elle est dans les mains des banques et des sociétés d’assurance. Ainsi, peu d’acteurs du retail proposent d’investir dans des fonds ISR. Même lorsque l’offre existe, celle-ci est noyée dans une liste de plusieurs dizaines de fonds que seul l’investisseur expérimenté est capable de décrypter. Déjà mal accompagnés quand ils veulent prendre des risques et financer l’économie, les Français le sont encore moins bien quand ils veulent financer la planète. Les habitudes ont la vie dure et celle de vendre du fonds en euros est coriace.
Mieux accompagner les épargnants : vers des mandats de gestion « verts »
Au lendemain du One Planet Summit, la Fédération Française de l’Assurance a pris trois engagements en faveur de l'écologie, en particulier celui d’inclure, avant la fin de l’année 2018, des supports d’investissement labellisés ISR dans leur offre d’assurance-vie.
Si l’on peut se réjouir de cette démarche, on ne peut pas s’en satisfaire. Depuis plusieurs années, de plus en plus d'épargnants ont recours à la gestion sous mandat, faisant ainsi reposer le choix de leurs investissements à leur conseiller financier ou à leur banque. Les prochaines années devraient donc voir émerger des mandats de gestion intégrant des fonds ISR ou même des mandats exclusivement dédiés à l’ISR.
Le succès de l'investissement durable passera donc par la qualité de l’accompagnement et du conseil financier. Dans ce domaine, il est fort à parier que les FinTechs, plus agiles et s’adressant directement aux millennials, s'empareront du sujet plus rapidement que les banques traditionnelles.