Prix à la pompe élevés : le vrai responsable est américain

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Par Sébastien Oum Publié le 25 novembre 2018 à 6h43
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@shutter - © Economie Matin
60Le baril de Brent est passé sous la barre des 60 dollars vendredi 23 novembre 2018.

Les prix du pétrole baissent ! Mais les prix à la pompe restent élevés... Faut-il accuser les taxes ? Peut-être…mais il faut surtout comprendre le rôle joué par le renforcement du dollar américain.

Les fluctuations des monnaies affectent le pouvoir d'achat

Sur les marchés, le ralentissement de la croissance économique mondiale a deux conséquences : une baisse des prix du pétrole et une hausse du dollar. Le pétrole reste la matière première la plus utilisée dans l'économie. Si la croissance économique ralentit, la consommation de pétrole ralentit aussi. La loi de l'offre et de la demande entraîne alors unebaisse des prix du pétrole ; ce que nous observons depuis quelques semaines.

Dans le même temps, inquiets du ralentissement économique, les investisseurs retirent leur argent des actifs financiers les plus risqués pour le placer sur les actifs financiers les plus sûrs. Et l'actif perçu comme étant le plus sûr est aujourd'hui... le dollar américain ! Depuis plusieurs semaines, nous assistons donc à une hausse de la valeur du dollar américain par rapport à l'euro.

Mais quel rapport avec les prix à la pompe ? Sur les marchés mondiaux, les prix du pétrole sont libellés en dollars. Aussi, la baisse des prix du pétrole en dollars est malheureusement contrebalancée par la baisse de la valeur de l'euro face au dollar. Autrement dit, le pétrole en euros ne baisse pas autant que le pétrole en dollars...

Tout comme les entreprises impliquées dans des échanges en devises étrangères, les particuliers sont, eux aussi, exposés au risque de change. En d'autres termes, les fluctuations des monnaies affectent leur pouvoir d'achat.

La volatilité pourrait devenir la norme sur les marchés financiers

Pour un particulier, se prémunir du risque de change demande beaucoup de travail, pour un faible résultat. En revanche pour une entreprise, développer une politique de gestion du risque de change est essentiel. Pour l'impact que les prix de l'essence peuvent avoir sur ses résultats bien sûr, mais plus largement, pour toutes les charges et tous les produits, dont la valeur peut être modifiée par une fluctuation des taux de change.

Par conséquent, une entreprise doit comprendre comment se forme sa structure de prix et savoir comment celle-ci est affectée par les fluctuations du marché des devises. Une fois en connaissance de ces différents paramètres de risque, la direction de l'entreprise peut alors mener une réflexion stratégique sur les risques qu'elle accepte de supporter et sur ceux dont elle souhaite se prémunir, via la mise en place par exemple de stratégies de couverture.

Avec la remontée des taux orchestrée par les banques centrales du monde entier, la volatilité des semaines précédentes pourrait bien devenir la norme sur les marchés financiers. Pour ne pas subir ces fluctuations, les entreprises doivent anticiper. De l'avis de Pasteur, « Le hasard ne favorise que les esprits préparés », l'heure est venue de dire à notre tour que les futurs soubresauts des marchés ne favoriseront que les entreprises les mieux préparées !

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Sébastien OUM est président de Yseulis, plateforme universelle de gestion des risques de change.

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