La note de la France pas (encore) dégradée

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 22 septembre 2014 à 5h14

« Moody's va dégrader la note de la France ! » avait annoncé d'un ton prophétique le journal l'Opinion jeudi 18 septembre 2014 alors que l'agence de notation Moody's devait parler le lendemain. « Que nenni ! Nous ne sommes pas au courant. » rétorqua le gouvernement ce même jeudi, jour de la conférence de presse de François Hollande... Epilogue : pas d'abaissement de la note par Moody's, contre toute attente par ailleurs (et une enquête de l'AMF sur cette information dévoilée par l'Opinion).

Mais la France a tout de même eu droit à une petite menace de la part de l'agence de notation.

La note de la France reste Aa1

François Hollande pourra souffler encore un peu sur l'avenir de la note de la dette... et préparer sa défaite contre Nicolas Sarkozy qui revient en politique alors que personne ne le veut (décidément, à droite comme à gauche on n'écoute pas le peuple).

Moody's a décidé de ne pas baisser la note de la dette qui reste, donc, à Aa1. Une bonne nouvelle. Mais il y a un « mais », sinon ce serait trop simple. La note de la dette française ne bouge pas, mais il faut que le gouvernement continue ses réformes... Sinon la note va vraiment baisser.

La perspective de la note française, chez Moody's, reste en effet « négative » mais la France se sauve grâce à une économie « vaste, productive et diversifiée » estime l'agence américaine.

Les réformes : condition sinequanone d'une note qui reste stable

Moody's donne donc un peu de temps à Manuel Valls, François Hollande et Emmanuel Macron pour adopter, lancer et réussir les réformes structurelles dont a besoin le pays pour relever la tête. C'est d'ailleurs à ces réformes que Moody's cautionne la stabilité de la dette : si par malheur le rythme et la portée des réformes prévues par le gouvernement devait s'affaiblir dans les douze prochain mois, Moody's a prévenu que son couperet tomberait sur la note de la dette.

Emmanuel Macron, qui mange décidément dans les mains de Moody's, s'est empressé de commenter : « ce maintien [de la dette à Aa1] nous engage ». Ce devrait plutôt être l'avenir de la France, le bonheur du peuple, quelque chose de cet ordre-là qui engage le gouvernement, pas la note de la dette... mais au moins il s'engage c'est déjà ça.

La reprise de la France ? Rendez-vous en 2018 pour Moody's

L'agence de notation donne un sursis au gouvernement sous réserve de voir les réformes promises et attendues se concrétiser, mais ne s'attend pas à ce que la situation économique s'améliore sur le court terme. Il va falloir que les Français galèrent encore quelques années.

La croissance du PIB pour 2014 est estimée à 0,4%, en 2015 elle ne devrait être que de 0,5% et ce n'est qu'en 2018, soit dans quatre ans et après les prochaines présidentielles, qu'on verra une croissance du PIB de 1,4%. Pas exceptionnel, mais mieux que rien. Le prochain Président de la République aura alors toutes les honneurs... sans avoir rien fait.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio