Pour une fois, on sait dès lundi matin de quoi on va parler toute cette semaine, sauf à ce qu'un nouveau scandale n'éclate, ou à ce qu'une vieille affaire ne ressurgisse opportunément pour attirer l'attention ailleurs. Dans une interview au JDD, Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, légitime le projet de réforme du système d'allocations chômage.
Manuel Valls en avait parlé lors de son déplacement à Londres à des journalistes, Emmanuel Macron relance l'idée, malgré le holà imposé par François Hollande en fin de semaine dernière : Oui, pour Macron, mais aussi donc son Premier ministre, Valls, et quelques autres à gauche, la réforme du système d'allocations chômage est indispensable. Il n'y a ni "tabou", ni "posture", et "l'Etat peut aussi reprendre la main si les blocages sont trop lourds". Mieux encore : Emmanuel Macron, dans cette interview au Journal du Dimanche publiée le 12 octobre, interview dont tout le monde reparle en boucle lundi 13 octobre, affirme que le gouvernement auquel il appartient dispose de six mois pour lancer les réformes indispensables au redressement du pays, laissant entendre que rien n'avait été fait jusqu'ici...
Emmanuel Macron a-t-il parlé trop vite, trop librement ? A priori non : le texte avait été validé par les conseillers du Premier ministre, mais aussi par ceux du Président. Mais peut-être que ces conseillers n'ont ils pas eu le sens politique de leurs patrons respectifs... Plus basiquement, Emmanuel Macron, maintenant qu'il est à Bercy, a vu les chiffres, et ils ne sont pas bons, pour l'assurance chômage comme pour bien d'autres sujets. Non seulement le nombre de chômeurs enfle d'un mois sur l'autre, mais le système ne parvient plus à verser les allocations sans creuser un trou béant de dettes. L'Unédic (qui gère les allocations) sera endetté à hauteur de 22 milliards d'euros en fin d'année, et le déficit prévisionnel pour l'an prochain est tout aussi inquiétant que celui de cette année, à savoir plus de quatre miliards d'euros.
Bien entendu, la déclaration d'Emmanuel Macron a suscité de nombreuses réactions à gauche. En grande partie "horrifiées". Chez les frondeurs, on parle de "faute politique et morale". D'autres au contraire, moins nombreux, jugent le sujet légitime. Christian Eckert, secrétaire d'Etat au Budget, qui lui aussi connaît les chiffres manifestement, a confirmé sur RTL dimanche soir qu'il fallait " sur l'assurance-chômage comme sur le reste, faire des réformes". Légitime, le sujet l'est : si rien n'est fait, la prochaine discussion entre partenaires sociaux autour du système d'indemnisation du chômage est prévue pour... 2016.