On doit pousser un sacré ouf de soulagement du côté de Paris. Bruxelles a en effet décidé de ne pas partir en guerre contre le gouvernement français sur la question du budget 2015 de la France.
La France dans le collimateur
L’affaire était mal partie : en déposant son projet de budget pour 2015 auprès de la Commission européenne, comme l’avaient décidé les États membres afin de resserrer et rapprocher leurs comptes, la France pouvait être à l’origine d’une crise ouverte avec l’exécutif européen. Le budget de l’Italie était également dans la ligne de mire des commissaires européens.
En cause : les deux pays n’ont pas fait suffisamment d’efforts pour réduire leurs déficits structurels, unité de valeur pour que la Commission valide les projets. Dans le cas de la France, la première mouture du budget n’a pas vraiment eu l’heur de satisfaire les experts de l’Union : les grognements en coulisses ont eu pour effet de provoquer des fuites selon lesquelles Bruxelles allait exiger 8 milliards d’économies supplémentaires à l’Hexagone.
La Commission en embuscade
Alors que le gouvernement a déjà inscrit 21 milliards d’euros d’économies pour 2015 afin de rentrer dans les clous des 3% de déficit (que le pays devrait atteindre en 2017, enfin, si tout va bien), il n’était pas question de pressurer le portefeuille des ménages et les caisses des entreprises, qui ne sont déjà pas particulièrement garnis. Cependant, le ministère des Finances a miraculeusement trouvé 3,6 milliards d’économies supplémentaires, prélevés dans la charge de la dette moins élevée, la lutte contre l’évasion fiscale, un CICE moins onéreux…
Tout cela a eu un effet bénéfique sur la Commission européenne, qui a jugé qu’aucun des budgets des 18 États membres ne présentait de « dérapages sérieux ». De fait, aucun pays – y compris la France et l’Italie – ne devra revoir sa copie. « Je ne peux dans l'immédiat identifier de dérapage sérieux qui nous conduirait à émettre une opinion négative à ce stade », explique Jyrki Katainen, le commissaire européen en charge des Affaires économiques. Courant novembre, la Commission adoptera ses avis plus détaillés.