Les partenaires sociaux se sont rencontrés hier pour discuter de la prochaine feuille de route en matière d’assurance-chômage. La question des intermittents du spectacle a occupé les discussions. Selon toute vraisemblance, le régime devrait être raboté à nouveau… un risque supplémentaire pour Emmanuel Macron dans des temps incertains.
La troisième réunion de préparation de la négociation sur l’assurance chômage avait lieu le 28 novembre entre les partenaires sociaux. Elle a, de façon prévisible, débouché sur un échec. Les organisations syndicales n’étaient pas prêtes à signer la feuille de route concoctée par le patronat sur l’avenir du régime des intermittents du spectacle. Des policiers étaient d’ailleurs préventivement déployés devant la salle de négociation pour éviter toute manifestation dans les locaux où se déroulait la séance.
Les intermittents au coeur des discussions à venir
La feuille de cadrage proposée aux partenaires sociaux fixe assez clairement les éléments techniques qui devraient « envelopper » les discussions à venir.
D’une part, les annexes 8 et 10 de la précendente convention (de 2016), prévoyaient des économies minimales sur le régime de 106 millions d’euros. Selon les chiffres de l’UNEDIC (contestés par la CGT et son représentant Denis Gravouil), ces économies n’ont pas dépassé les 54 millions. Il faut donc, pour appliquer la convention de 2016 dans son esprit, durcir les conditions actuelles du régime.
D’autre part, le gouvernement demande aux partenaires sociaux de réduire le déficit du régime en baissant les dépenses d’au moins 1 milliard d'euros. Assez logiquement, le régime des intermittents sera sollicité sur ce point.
Voilà donc deux bonnes raisons, en application des objectifs du pouvoir exécutif, de taper dans le dur d’un système dont les vertus solidaires sont contestées. Rappelons en effet que les conditions d’indemnisation des intermittents ressemblent plus à une subvention déguisée aux acteurs de la culture (et particulièrement aux « majors ») qu’à une indemnisation proprement dite.
Mauvaise conjonction astrale pour Emmanuel Macron
Le gouvernement a officiellement demandé aux partenaires sociaux cet été de boucler leur feuille de cadrage avant le 31 décembre 2018. Cette date télescope complètement et dangereusement le mouvement des Gilets Jaunes.
En effet, en application des volontés du gouvernement, les organisations patronales ont annoncé que la discussion sur les intermittents devait être cloturée le 11 décembre. Dans la pratique, tout indique que ni la CGT ni FO ne signeront un document qui débouchera sur une dégradation sensible du régime d’indemnisation.
Assez logiquement, les mouvements patronaux, MEDEF en tête, ont annoncé quel couperet tomberait si le document n’était pas signé le 11 décembre : les annexes disparaitraient, et le régime des intermittents serait fondu… au moins dans la masse des discussions générales.
Voilà un beau chiffon rouge que le gouvernement a expressément demandé aux partenaires sociaux d’agiter. Compte tenu de la forte réactivité des intermittents du spectacle… il pourrait bien regretter cette incursion jupitérienne dans un champ où, par tradition, les partenaires sociaux étaient plus autonomes jusqu’ici.
Article écrit par Eric Verhaeghe sur son blog