La crise sanitaire et la fermeture des commerces non essentiels a mis en lumière les limites de la présence en ligne de nombreux petits commerces, qui se retrouvent dans une situation très compliquée à l’approche des fêtes. Alors que certains posent même nus pour alerter sur leur situation en espérant une réouverture la plus rapide possible, le virage du numérique ne devient-il pas vital pour tous ?
Les plus grandes enseignes sont elles aussi touchées par les fermetures administratives. Les magasins de décoration ou de jouets risquent de rater une période de vente cruciale, et la grande distribution vient de mettre plus de 100 000 salariés au chômage partiel en raison des fermetures des rayons “non-essentiels”. Malgré une plus forte présence en ligne que les petits commerces, la question que nous pouvons nous poser est de savoir si le e-commerce leur permettra de rattraper ce manque à gagner. Entre les problématiques logistiques, la gestion des invendus et la concurrence des géants du web, rien n’est moins sûr…Pour les commerces indépendants, la problématique est tout autre. Un tiers des commerces ont un site internet. L’objectif n’est pas de combler un manque à gagner mais de se réinventer, passer la crise et en sortir adapté aux nouveaux usages e-commerce.
L’hybridation, condition de survie pour les commerçants ?
Les commerçants indépendants ne découvrent pas le besoin d’une présence numérique avec la crise. Ce qui change réellement, c’est que jusque-là ils étaient incités à assurer une présence locale en ligne et sur les réseaux sociaux, dans l’objectif d’augmenter le trafic sur le point de vente. Aujourd’hui, le sujet est de faire survivre l’économie locale. Une étude de l’Echommerce réalisée entre mars et juin estime que 12 000 commerces ne pourront pas éviter la cessation d’activité. Pour l’éviter, il s’agit de permettre aux commerces de continuer à vendre à leurs clients malgré les contraintes d’accueil ou de fermeture. Pour cela, le gouvernement vient d’annoncer une aide financière de 500 euros pour les commerçants qui veulent créer un site internet. D’autres initiatives, comme Mon Commerce en Ligne en Auvergne-Rhône-Alpes permettent une aide jusqu’à 1 500 euros pour les projets de création, refonte ou optimisation des sites. Par ailleurs, le gouvernement propose de nombreuses solutions préférentielles via la plateforme Clique Mon Commerce pour accompagner la numérisation des commerçants (place de marché, solutions de livraison). Citons enfin l’exemple de la métropole Grand Nancy qui a lancé une plateforme e-commerce accessible gratuitement à l’ensemble de ses artisans et commerçants. Pour la plupart des petits commerçants, et notamment pour éviter les écueils logistiques, cette numérisation passera par un modèle “e-commerce hybride” : celui du click and collect. En revanche, le chiffre d’affaires généré par le retrait commande ne rentrera pas en compte dans le calcul du montant du fonds de solidarité auquel les commerces fermés ont droit.
Accélérer sa transformation digitale pour résister aux enjeux de 2021
A l’heure où le Black Friday risque d’être décalé, certains commerçants ont compris que l’enjeu ne résidait plus dans le 27 novembre mais bien dans la numérisation de leur activité. La FEVAD relève d’ailleurs parmi les faits marquants des chiffres e-commerce 2020, la dynamique omnicanale des commerces physiques et l’implantation des e-commerçants TPME dans les petites communes. Certains ont déjà pris le virage du digital, et à n’en pas douter les chiffres de l’année prochaines confirmeront cette tendance. Pour les autres, il s’agit maintenant de ne pas se tromper de combat. Il faut d’abord se réinventer grâce aux nombreuses initiatives poussées par les régions et le gouvernement. Certes, les aides et initiatives ne suffiront pas à déployer une stratégie poussée, mais ce n’est pas vraiment l’enjeu. Elles permettent ainsi aux commerçants de créer rapidement un site et de choisir des solutions adéquates pour vendre en ligne ou par téléphone à leurs clients fidèles.
Les commerçants qui pouvaient donc se passer d’une présence locale en ligne doivent accélérer leur transformation pour faire face à l’actualité. Même si la crise sanitaire se résolvait par le vaccin en 2021, pourrions-nous envisager aussi simplement que les usages des consommateurs reviennent “comme avant” ? Avec la crise, le virage numérique est donc bel et bien devenu vital.