De nouvelles données sur le bien-être publiées aujourd’hui font état de clivages importants selon l’âge, les ressources, le sexe et l’éducation dans nos sociétés.
La dernière édition du rapport de l’OCDE intitulé Comment va la vie ? (ci-joint) révèle que si certains aspects du bien-être se sont améliorés depuis 2005, de trop nombreuses personnes sont privées des retombées positives de la croissance modeste qu’enregistrent de nombreux pays de l’OCDE.
Les salaires annuels moyens affichent une augmentation cumulée de 7 % dans les pays de l’OCDE depuis 2005, un pourcentage qui ne représente toutefois environ que la moitié du taux de croissance observé au cours de la décennie qui a précédé 2005. Si l’espérance de vie moyenne a pour sa part gagné près de deux ans ces dix dernières années et si, dans la plupart des pays de l’OCDE, les individus sont aujourd’hui plus nombreux qu’en 2005 à avoir un emploi, d’autres indicateurs sont au rouge.
La précarité de l’emploi a augmenté d’un tiers depuis 2007, première année où elle a été mesurée. Le chômage de longue durée reste à un niveau supérieur à celui de 2005, alors que la satisfaction moyenne à l’égard de la vie accuse un léger repli. Le taux de participation électorale a diminué, et la proportion de personnes qui estiment être soutenues par leurs amis et leur famille a chuté de 3 points de pourcentage.
Le rapport mesure diverses dimensions du bien-être telles que le revenu, l’état de santé, l’éducation ou la satisfaction à l’égard de la vie, et révèle l’existence de poches d’inégalités faibles et élevées dans l’ensemble des pays de l’OCDE. Il décrit en détail l’ampleur de ces inégalités à l’échelle de la population, ainsi qu’entre les différents groupes au sein de la société – jeunes et personnes âgées, hommes et femmes, personnes hautement qualifiées et individus ayant quitté le système scolaire avec peu de qualifications. Les données mettent également en évidence les liens entre certains résultats, entre la santé et l’éducation, par exemple, ou entre le statut au regard de l’emploi et la possibilité de faire entendre sa voix dans le débat public.
« Le Rapport Comment va la vie ? apporte à son tour de nouvelles preuves que les séquelles de la crise n’ont pas encore cicatrisé. De nombreux citoyens estiment que les bienfaits de l’ouverture et de la mondialisation ne les atteignent pas et que leur gouvernement ne répond pas à leurs besoins », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría. « Pour les responsables politiques, il est urgent de trouver les moyens de nouer un dialogue plus fructueux avec tous les citoyens, de s’employer à améliorer leur bien-être et de travailler à regagner leur confiance. Il nous faut s’assurer que la croissance et le développement soient vraiment inclusifs pour mener à des vies meilleures, et que personne ne soit laissé sur le bord de la route ».
Le rapport expose les clivages au sein de nos sociétés en matière d’éducation :
- Les hommes âgés de 25 ans qui ont arrêté leurs études avant l’enseignement secondaire du deuxième cycle vivent en moyenne près de huit ans de moins que les hommes ayant mené à terme des études universitaires. Cet écart se chiffre à près de cinq ans pour les femmes,
- Les individus peu qualifiés affichent un niveau de richesse et de salaire inférieur de moitié à celui des personnes hautement qualifiées ; ils exercent moins leur droit de vote ; sont moins bien entourés en cas de difficultés ; et ressentent de manière générale une satisfaction moindre à l’égard de leur vie,
… de revenu et de richesse :
- 10 % à peine des ménages des pays de l’OCDE détiennent en moyenne plus de la moitié (52 %) de la richesse totale des ménages,
- Pour plus d’une personne sur trois dans les 25 pays de l’OCDE ayant été étudiés, trois mois de salaire représentent le seul rempart contre la pauvreté,
- Les taux de participation électorale parmi les 20 % des individus aux revenus les plus élevés sont 14 points de pourcentage supérieurs à ceux des 20 % percevant les revenus les plus faibles,
…d’âge…
- Bien qu’affichant un niveau d’instruction plus élevé que les générations antérieures, les jeunes de moins de 25 ans ont 60 % plus de risques d’être au chômage que la tranche d’âge des 25-54 ans,
- Les jeunes de moins de 25 ans sont également 20 % moins susceptibles d’exercer leur droit de vote que les personnes âgées de plus de 55 ans, les travailleurs d’âge moyen ont pour leur part près de deux fois plus de risques d’avoir de très longs horaires de travail (50 heures par semaine ou plus) que ceux de moins de 25 ans.
…de lieu de naissance
- Le revenu médian des ménages immigrés est inférieur de 25 % en moyenne à celui des ménages autochtones,
- Les migrants affichent plus souvent une mauvaise santé ; sont moins nombreux à affirmer pouvoir compter sur quelqu’un en cas de difficultés, et sont généralement moins satisfaits de leur vie que les autochtones,
- Les migrants ont davantage de risques de vivre dans des logements inadaptés, de travailler en dehors des horaires de travail normaux et de se sentir déprimés.
Le rapport met également en lumière la distance entre les citoyens et les institutions publiques qui œuvrent à leur service. La confiance dans ces institutions s’est érodée. Seuls 38 % des individus déclarent avoir confiance dans leur gouvernement, une baisse de quatre points de pourcentage depuis 2006.
Le rapport Comment va la vie ? montre que seul un individu sur trois estime avoir une influence sur l’action de son gouvernement. Les responsables politiques proviennent en outre souvent d’un milieu différent de celui des personnes qu’ils représentent : ainsi, une enquête menée dans 11 pays révèle que les travailleurs manuels et agricoles, et les employés du secteur des services représentent 44 % de la population, alors que seuls 13 % des membres des parlements sont issus de ce milieu.