La créativité fiscale du gouvernement - et des députés de sa majorité - ne se démend pas, et malgré les très nombreux revers essuyés ces derniers mois, de la fronde des Pigeons à celle des bonnets rouges, en passant par les censures du Conseil Constitutionnel et le fiscal bashing dans les médias français et étrangers, rien ne les décourage d'inventer de nouvelles taxes toutes les semaines à un rythme effréné.
La nouvelle, nouvelle taxe de la semaine (car il y en avait déja une hier, celle sur les chambres d'hôtes et locations d'appartements ou de maisons par les particuliers) portera, porterait, selon les Echos qui révèle l'information mardi 4 novembre, sur les résidences secondaires en "zone tendue". C'est quoi une "zone tendue" dans un pays où plusieurs millions de logements manquent à l'appel, où la construction de logements neufs est passée sous la barre des 300 000 en rythme annuel contre 500 000 nécessaires ? A la louche, c'est partout où "il faut vivre", à savoir dans une trentaine de grandes villes françaises et dans leurs agglomérations, mais aussi sur la côté méditérannéenne, atlantique, dans les Alpes et encore dans l'arrière pays provençal ou aquitain. Ouf !
Tous les propriétaires de "résidences secondaires", ou de "pied à terre" non loué vont passer à la caisse ou être un peu plus tondus, comme vous voulez. La mesure que le gouvernement s'apprête à ajouter au projet de Budget 2015 avant son adoption définitive par le Parlement prévoit en effet d'alourdir (quel doux mot) la taxe d'habitation sur les biens non occupés / non loués à l'année. La surtaxe, puisque c'est bien de cela dont il s'agit, serait de 20 %, et devrait rapporter 150 millions d'euros d'après les calculs du gouvernement. Mais on jure dans les couloirs de Matignon que le but n'est pas du tout de lever plus d'impôts, mais bien de contraindre les propriétaires à mettre leur bien en location. On vous avait promis que la fiscalité ne serait plus punitive, mais ca, c'était avant.
D'un côté, ce n'est pas une taxe nouvelle, c'est un élément incitatif, ou dissuasif. De l'autre, on apprend que le produit de cette taxe serait mis à la disposition des communes, qui se plaignent tous les jours de voir la dotation de fonctionnement de l'Etat baisser. Elles auront la possibilité d'appliquer, ou non, cette surtaxe... On imagine déjà que Paris, qui cherche par tous les moyens à boucler son budget 2015 alors qu'li manque au moins 400 millions d'euros dans celui de 2014, sautera sur l'occasion, alors qu'il y a des dizaines de milliers de logements vides dans la capitale, sous-occupés par leurs égoïstes de propriétaires...