Les automobiles de collection sont-elles un bon placement ?

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Par Patrick Coquart Modifié le 13 décembre 2022 à 20h38
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@shutter - © Economie Matin
48 MILLIONS $Une Ferrari 250 GTO de 1956 a été adjugée plus de 48 millions de dollars

Cette Ferrari des années 1960 qui vous fait de l’oeil est-elle une bonne affaire ? Pouvez-vous justifier son achat du point de vue de l’investissement ? Petit passage en revue d’une catégorie d’actifs qui fait rêver…

En 2021, avez-vous décidé de vous offrir une petite folie ? Peut-être avez-vous craqué pour une voiture de collection. Ou bien vous réservez-vous pour la Matra ayant gagné les 24 Heures du Mans en 1972, qui sera mise aux enchères début février 2021 ?

Penchons-nous quelques instants sur le sujet et demandons-nous si le véhicule de collection peut faire office de placement.

Il y a plusieurs critères à prendre en compte…

Qu’est-ce qu’une voiture de collection ?

Avant tout, qu’est-ce qu’une voiture de collection ? Pour bénéficier de cette qualification, le véhicule doit avoir plus de 30 ans, ne plus être produit et être resté dans son état d’origine, c’est-à-dire que le châssis, la carrosserie, les systèmes de direction, de freinage, de transmission, de suspension, ainsi que le moteur n’ont pas été modifiés.

S’il y a eu remplacement de pièces, cela a dû être fait avec des pièces d’origine pour maintenir le véhicule dans un bon état historique. Par conséquent, les voitures qui ont été modernisées ou substantiellement modifiées sont exclues du classement.

Les véhicules qui n’ont roulé que pour des compétitions sportives peuvent être considérés comme de collection même s’ils n’ont pas 30 ans.

Bien entendu, le classement en véhicule de collection n’est pas automatique. Il dépend de l’administration – nous sommes en France ! – qui délivre la carte grise spécifique ouvrant droit à un statut fiscal particulier.

Quels avantages à avoir un véhicule de collection ?

Au temps de l’ISF, l’achat d’un véhicule de collection permettait de réduire son assiette d’imposition. Cette disposition a, bien entendu, disparu avec l’IFI. Transmettre, par succession ou donation, un véhicule de collection ne donne pas non plus droit à des exonérations particulières.

Si la vente d’un véhicule par un particulier qui n’en fait pas commerce n’est pas taxée, ce n’est pas le cas avec un véhicule de collection puisque la vente peut être considérée comme celle d’une œuvre d’art ou d’un objet de collection. Dans ce cas, les plus-values sont taxables, si la vente est supérieure à 5 000 € (sauf si l’objet est vendu à un musée).

Le vendeur a alors le choix entre deux options. Soit il s’acquitte de la taxe forfaitaire sur les objets précieux (6% du montant de la vente + 0,5% de CRDS) ; soit il paye la taxe sur les plus-values (19% + 17,2% de prélèvements sociaux sur le montant de la plus-value). A noter que ce dernier régime prévoit un abattement de 5% par année de détention au-delà de la deuxième année, et que l’exonération est totale après 22 ans de détention du véhicule.

Par ailleurs, les frais d’acquisition, de restauration ou de remise en état du véhicule doivent être ajoutés au prix d’acquisition pour pouvoir déterminer le montant de la plus-value.

A la lecture de tout ce qui précède, on peut se demander si l’achat d’une vieille voiture est vraiment intéressant sur le plan patrimonial.

Le seul avantage de la carte grise « véhicule de collection » est de bénéficier du contrôle technique tous les cinq ans (au lieu de tous les deux pour un véhicule ordinaire). Les véhicules d’avant 1960 en sont même totalement dispensés.

Une passion parfois dévorante

Si elle peut être un placement, la détention d’un véhicule de collection est avant tout une passion. Une passion qui est celle d’environ 250 000 Français, si l’on en croit la Fédération française des véhicules d’époque (FFVE), qui détiendraient autour de 300 000 véhicules classés « de collection ».

Quant aux véhicules âgés de plus de 30 ans – et qui pourraient donc prétendre à cette qualification sous réserve d’en respecter les conditions –, on estime leur nombre à 800 000 en France aujourd’hui.

Les passionnés se regroupent en clubs (environ 1 500 en France), locaux ou de marque, voire de modèle, dans lesquels ils peuvent discuter à l’infini de leur hobby, mais aussi apprendre et recueillir conseils et astuces.

Certes, il est toujours possible de garder sa voiture à l’abri sous une housse et, si possible, dans un endroit sécurisé.

Mais la plupart du temps, le détenteur d’une voiture ancienne aimera la montrer, participer à des rallyes, rassemblements et autres manifestations qui fleurissent, en France comme à l’étranger, dès le printemps venu et qui attirent leur lot de curieux. D’autant que la voiture ancienne a plutôt tendance à s’user si on ne la sort pas. La participation à de tels événements mobilisera donc quelques dizaines d’heures dans l’année, en plus du carburant qu’il faudra dépenser.

Le véhicule devra en outre être entretenu, pour ne pas dire bichonné. Là encore, de nombreuses heures sont à prévoir pour maintenir l’engin en état de marche et en faire un objet sur lequel les badauds se retourneront. L’achat de pièces et le recours à un mécanicien spécialisé et compétent peuvent vite s’avérer onéreux. Des coûts qu’il convient d’estimer au moment de l’achat si on souhaite tirer quelques profits du véhicule au moment de sa revente.

Mais combien coûte une voiture ancienne ? Le prix moyen est estimé à 40 000 €, mais il cache de très fortes disparités. Les modèles les plus recherchés, Fiat 500, Citroën 2 CV ou Volkswagen Coccinelle s’échangent à partir de 6 000 € à 8 000 €. La Porsche 911 des années 1960-1970 est estimée entre 50 000 € et 350 000 €.

La vente de la collection du viticulteur André Lurton par Artcurial en septembre 2020 a totalisé 2,2 millions d’euros pour 80 véhicules, dont 88 000 € pour un Renault Estafette Plein Air de 1960. La Citroën 2 CV AZ de 1956 est partie à 13 640 € et la Citroën Ami 6 à 19 840 €.

En 2018, aux Etats-Unis, une Ferrari 250 GTO de 1956 a été adjugée plus de 48 millions de dollars (42 millions d’euros). On retrouve d’ailleurs huit modèles de la marque au cheval cabré dans le top 10 des voitures les plus chères.

Peut-on s’enrichir avec des véhicules de collection ?

Comme nous l’avons vu, la détention et la revente d’un véhicule de collection n’ouvre pas droit à des avantages fiscaux particuliers. C’est même le contraire si l’on subit une taxation des plus-values.

Bien sûr, on peut avoir la chance de dégotter un modèle rare et recherché, parfaitement conservé, au fin fond de la vieille grange de sa non moins vieille tante, mais cette perspective est comme le véhicule : rare.

Si l’on s’en tient à des véhicules plus modestes, il n’est pas sûr que le placement soit des plus rémunérateurs. Le site Classic Auto Invest nous donne quelques exemples de coûts d’achat, de prix de revente et de coûts d’entretien que nous avons résumés dans le tableau ci-dessous :

Dans nos exemples, seul le détenteur de la Porsche 911 4S a fait une affaire en revendant son véhicule… à moins qu’il ait consacré un budget important au carburant. C’est, en effet, un coût qui varie considérablement en fonction de l’utilisation que l’on fait de son véhicule.

Mais est-ce vraiment une charge ? Le conducteur ne prend-il pas un plaisir immense – voire une certaine fierté – à tenir le volant de son véhicule qui fait vite oublier le plein d’essence ?

N’hésitez pas à vous faire plaisir si les véhicules de collection vous passionnent – nous avons évoqué ici la voiture, mais il existe aussi des camions, tracteurs, motos… – mais ne vous privez pas de faire quelques petits calculs avant l’achat, histoire que la passion, aussi dévorante soit-elle, ne soit pas trop ruineuse.

Bonne route pour 2021 !

Pour plus d'informations et de conseils de ce genre, c'est ici et c'est gratuit

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Patrick Coquart est rédacteur et essayiste. Il collabore avec plusieurs think tanks sur des questions d’économie et de politiques publiques. Par ailleurs, il prête sa plume à des entreprises pour les aider à produire des contenus éditoriaux originaux (études et rapports, livres blancs, etc.). Auparavant, il a travaillé dans une organisation patronale puis un organisme paritaire avant de rejoindre le secteur du conseil en management, ressources humaines et relations sociales.

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