Du pouvoir américain à la sphère atlantiste en passant par les grands intérêts capitalistes US, Soros se trouve à la confluence d’intérêts multiples.
Soros et le pouvoir américain, de Clinton à Obama
Les Américains commencent à s’intéresser au continent africain, vaste réservoir de ressources naturelles, au lendemain des décolonisations. Des sous-commissions sur l'Afrique sont créées au sein du Congrès en 1959 et les premières ambassades US en Afrique ouvertes à partir de 1960. Mais la guerre froide va suspendre le mouvement : elle « gèle quasiment pendant près d’un demi-siècle les luttes d’influence entre alliés en Afrique ». Pendant près de trente ans, l’engagement américain en Afrique va ainsi se trouver limité à des interventions ponctuelles, liées à la lutte contre le bloc communiste, avec pour objectif d’éviter que certains pays basculent dans le giron soviétique, comme l’Angola et le Mozambique dans les années 1970. Un agenda sensiblement similaire à celui de George Soros qui, lui aussi, fait ses premiers pas sur le continent africain durant la période post-coloniale, en 1979, en Afrique du Sud, mais choisit durant la guerre froide de concentrer son action en l’Europe de l’Est et ne s’engagera de nouveau activement en Afrique que près de deux décennies plus tard. Entre-temps, les Etats-Unis et Soros auront développé, de concert, en Europe de l’Est, un interventionnisme d’un nouveau genre, privilégiant l’influence à l’action directe. Un modus operandi – nous y reviendrons – qui inspirera très largement l’action des Etats-Unis lorsqu’ils se réengagent en Afrique.
Ce sont les attentats simultanés de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, suivis des attaques du 11 septembre 2001, qui servent de déclencheur au retour des Etats-Unis en Afrique. La lutte contre le terrorisme justifie un interventionnisme plus soutenu des USA sur le continent, avec en toile de fond deux autres objectifs majeurs : la sécurisation des approvisionnements en pétrole et minerai et la volonté de contrer le développement de la présence chinoise en Afrique. Ainsi l’Afrique commence-t-elle à prendre une place croissante dans la politique étrangère américaine avec Bill Clinton, qui s’inscrit dans le cadre de la doctrine de l’« enlargment ». Celle-ci, après le « containment » de la guerre froide, place les Etats-Unis dans une posture plus volontariste, avec pour objectif d’étendre la communauté des « démocraties à économie de marché » – une approche très en phase avec la vision de l’Open Society sorosienne.
Dans cette perspective, la politique africaine de Bill Clinton, poursuivie par George Bush puis par Barack Obama – Républicains et Démocrates montrant peu de différences dans leur politique à l’égard du continent africain – va privilégier le partenariat, chercher à promouvoir la bonne gouvernance et mettre un accent croissant, aux côtés des aspects sécuritaires et politiques traditionnels, sur le développement économique.
Dans ce cadre, l’action américaine en Afrique s’articule principalement autour de trois grands axes. Le premier est l’aide au développement, qui ne cesse de
croître. Entre 2000 et 2007, l'aide américaine en Afrique subsaharienne triple ; sous la présidence d’Obama, elle augmente encore, de 70 %, passant de 5 milliards de dollars en 2007 à 8, 5 milliards de dollars par an en moyenne par la suite. L’Afrique devient ainsi, à partir de 2011, la première région bénéficiaire de l’aide américaine devant l’Asie selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Ceci est un extrait du livre « Les réseaux Soros à la conquête de l'Afrique : Les réseaux d'influence à la conquête du monde » écrit par Stéphanie Erbs, Vincent Barbe et Olivier Laurent paru aux Éditions VA Press (ISBN-13 : 979-1093240251). Prix : 18 euros.
Reproduit ici grâce à l'aimable autorisation des auteurs et des Éditions VA Press.