Sans augmentation du travail, pas ou peu de salut pour les banlieues !

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Par Daniel Moinier Publié le 2 mai 2018 à 5h00
France Plan Banlieues Borloo Montant
@shutter - © Economie Matin
1977Le premier plan banlieues remonte à 1977.

Avec le nouveau Plan Borloo de 2018, ce sera le énième mis en place, depuis celui de Jacques Barrot sous Giscard d’Estaing en 1977 baptisé « habitat et vie sociale » portant plus sur l’habitat et surtout celui de Michel Rocard en 1984 intitulé : État-Régions. Des énormes sommes d’argent ont été englouties et pour quel résultat !

Au fil du temps, malgré toutes les actions menées, le phénomène s’est amplifié. Pour quelle raison, et quelle en est la principale cause ? L’évolution des sociétés, l’internationalisation des marchés, l’immigration, la productivité du travail, l’urbanisation, « HLMisation » à outrance des banlieues… où toutes à la fois, où une autre cause encore jamais soulevée ! Tous ces bouleversements ont déjà eu lieu à différentes époques sans pour autant arriver à ce désastre tant économique qu’humain. Alors pourquoi, il n’est plus possible aujourd’hui de régler ce problème, de laisser une frange de la population désœuvrée, sans emploi, notamment des jeunes ?

Les plus grands plans n’ont donné que de piètres résultats en plus que ceux évoqués ci-dessus, citons : Le plan Marshall d’Alain Juppé, de Bernard Tapie, les deux de Jospin, de Fadela Amara sous Sarkozy : « Espoir Banlieue », de Jean-Marc Ayrault de 2013 etc. Mais aussi la fin des constructions des tours HLM, l’instauration des ZEP sous Mitterrand, le plan « été » de 1982, le plan « banlieue 89 »… Alors pourquoi s’être acharné avec des plans à répétition sans en avoir cherché la véritable cause, plus globale ?

C’est exactement la même chose pour les déficits de la Sécurité sociale, de l’Assedic, des Retraites, du Chômage... Il est mis en place des commissions, il est fait appel à des experts qui planchent des mois voire des années, on crée des organismes puis on réunit tous les syndicats, pour déboucher sur des solutions bâtardes, coûteuses qui n’ont jamais trouvé de solution viable et stoppé les déficits !

Je me rappelle l’époque où je me trouvais à Nancy, période de plein emploi (et pas un taux de 5% de chômage !) sans chômeur visible. L’arrivée de tous ces « migrants » de campagne a obligé la ville à construire les premiers HLM en 1958. Les deux premières barres au Haut du Lièvre, les plus grandes d’Europe, près d’un kilomètre à elles deux, suivies d’une grande tour ont été construites pour loger les jeunes cadres aisés. En 1967, elles regroupaient 20.000 personnes. C’était une révolution ; un séjour, des WC, une salle de bains, des ascenseurs, cela changeait des logements sans confort de la ville mais surtout ceux des campagnes.

Au fil du temps et du chômage, de l’immigration, ces logements sont devenus « la banlieue », des logements dégradés où ne vivent en grande partie que des chômeurs, des RSA, des jeunes désœuvrés : drogue, vols dégradations, ghettos…Quelle tristesse ! Le même processus s’est produit au fil des quarante dernières années, dans toutes villes, à des degrés plus ou moins importants. Si l’on analyse bien, on peut s’apercevoir que cette évolution a été proportionnelle au taux de chômage.

Avec presque zéro chômeur début 1970, il n’y avait aucun problème de promiscuité, les policiers, les pompiers se rendaient dans les banlieues sans difficulté. Et pour cause : tous les jeunes avaient du travail. Aujourd’hui, le taux de chômage qui vient un peu de baisser, atteignait plus de 25% chez les jeunes, y compris diplômés et jusqu’à 2 fois ½ plus dans les ZUS (Zone Urbaine Sensible) ! Plus le travail a diminué, plus les conditions se sont dégradées. Juste après la guerre de 1945, il y avait 6 salariés pour un retraité, aujourd’hui, c’est 1,3 ! Dans 20 ans, au rythme annuel sans action, ce sera 1 pour 1, ce qui veut dire que chaque salarié pour obtenir une retraite correcte devrait cotiser (charges salariales et patronales) 55 à 60 % pour financer sa retraite !!!

En 2010 nous avions perdu 14 années de travail sur la durée de vie (7,5 au début et 6,5 à la fin) et 14 heures par semaine ! Encore heureux que François Fillon a fait passer les 62 ans ! Plus la durée de vie a augmenté (24 années depuis 1945), plus les durées de travail et d’activité ont diminué !!! Exemples de gestion désastreuse d’un pays.

Pour compenser, tous les gouvernements, au lieu de s’attaquer aux « racines du mal » n’ont fait qu’augmenter la fiscalité. Dans ce contexte, ils ont toujours été très inventifs. Un exemple ; les charges salariales sont passées de 6,5% dans les années 60, à plus de 22% d’où une baisse de revenu de près de 16%. La seule baisse de la retraite à 60 ans nous ampute de 300 milliards par année dans l’économie. C’est moins de consommation, de rentrées de charges pour l’état, de TVA, pour les caisses de Sécurité sociale, de Retraite, d’Assedic. C’est moins de crédits pour les hôpitaux, l’enseignement, les agriculteurs, la défense, je m’arrête là.

Il faudrait citer tous les ministères qui sont obligés d’établir des budgets restrictifs ou avec déficits. Il faut encore ajouter les 35 heures qui ont encore plus noirci le « tableau ». Une seule heure travaillée en plus (35/36 h), c’est par année 22 milliards de plus dans l’économie ! Une seule année de plus de travail (62/63 ans) c’est 65 milliards de plus par an dans l’économie ! Que sont en comparaison les 5 « petits » milliards du plan Borloo ? Ce plan qui n’est pas forcément critiquable puisqu’avec son expérience de la ville, ce projet semble très bien ficelé, programmé et devrait pouvoir améliorer sensiblement les conditions de vie de cette « tranche sensible » de la population. Mais ce ne sera qu’une goutte d’eau par rapport à l’ensemble des problèmes à traiter que rencontre notre nation. En premier l’équilibre de tous les comptes !

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.