Panique totale et sidération en Russie. Alors que Vladimir Poutine doit répondre devant 1 200 journalistes cette fin de semaine, l'économie du pays aura rarement dansé ainsi autour du gouffre.
Le rouble sur le grand huit
Les fluctuations du rouble sont vertigineuses : la devise russe a plongé de 20% ce mardi 16 décembre, avant de reprendre de la vigueur et 14% en soirée, suite à l'annonce de la Banque de Russie d'augmenter drastiquement son taux directeur. Ce dernier, de désormais 17% (contre 10% la semaine dernière !), a pu attirer de nouveau des investisseurs, trop heureux de faire la culbute… et de piocher un peu plus dans les réserves du pays. Ce niveau place la Russie dans les mêmes eaux que le Venezuela et l'Argentine : un club très fermé qu'aucun pays ne voudrait rejoindre.
En deux jours, le rouble a perdu près de 30% de sa valeur, et 60% depuis les mois de juillet et d'août. De quoi littéralement plomber la consommation intérieure : les ménages russes sont en effet friands des denrées étrangères, de l'alimentation aux produits électroniques. Apple a par exemple décidé de fermer sa boutique en ligne en raison des fluctuations de la monnaie russe.
Le baril de pétrole au plus bas
Les entreprises qui libellent leurs services et leurs produits en dollars sont en passe déposer le bilan. Et le salut ne viendra pas du pétrole : entre un tiers et la moitié des recettes budgétaires du pays est généré par la vente de produits pétroliers. Or, avec un baril à 54,5$, inutile d'espérer remplumer un budget 2015 qui se basait sur une hypothèse de 100$ le baril.
De fait, les perspectives sont particulièrement mauvaises. La banque centrale pronostique une chute de 4,8% du PIB du pays en 2015 si le cours du pétrole ne remonte pas. Et les économies que ne manqueront pas de réaliser les entreprises et l'État vont jeter à la rue des centaines de milliers de travailleurs.