Accord Europe / Vietnam  : une occasion unique de changer ou de prouver notre impuissance

Par Bertrand de Kermel Modifié le 9 février 2020 à 7h58
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1 MILLIARD €En 2019, à cause du réchauffement climatique, 15 catastrophes ont coûté plus d'un milliard d'euros.

Les députés européens vont-ils aller à l’encontre du cri d’alarme de Davos sur le climat ?

A Davos, le 24 janvier dernier, les deux mille très grandes entreprises présentes ont approuvé un rapport alarmiste, que la presse a rapporté dans les termes suivants : "les décideurs mondiaux placent l'inaction climatique au sommet des dangers pour l'humanité".

Cela signifie que les entreprises (qui ne peuvent pas agir seules pour des raisons de concurrence planétaire), demandent à la classe politique (au sein de laquelle le Parlement Européen est un acteur majeur) de se saisir du sujet du climat et de procéder rapidement à des choix fondamentaux.

Leur message est donc très clair.

Mardi prochain, 11 février 2020, les députés européens vont devoir se prononcer sur l’accord de libre-échange : « Vietnam / Union Européenne ».

Or, non seulement cet accord de libre-échange ne comporte aucune disposition contraignante pour réduire les émissions de gaz à effets de serre résultant du transport des marchandises, mais il ne prévoit même pas la simple neutralité des émissions supplémentaires qui vont en être la conséquence. (Par exemple planter un nombre d’arbres suffisant pour compenser les émissions de carbone résultant de l’augmentation du transport maritime et aérien lié à cet accord de libre-échange)

Ce n'est pas possible de tolérer cela en 2020. Le transport maritime émet autant de gaz à effets de serre que l’Allemagne. Ce volume augmente chaque année, sachant qu’il faut y ajouter les émissions du transport aérien.

Il nous semble souhaitable (c’est un euphémisme) que mardi prochain une majorité de nouveaux élus européens exige une renégociation de cet accord Vietnam / Europe pour que le climat (et aussi leurs promesses de campagne) soient sérieusement prises en compte dans l’accord.

A l'inverse, si le Parlement Européen approuve l'accord Vietnam tel quel, il donnera raison à la précédente Commission européenne qui avait scandaleusement donné l'ordre suivant, en novembre 2015, juste avant la Conférence de Paris sur le climat : « Aucune mention du commerce ne doit figurer dans tout accord sur le changement climatique. Et l'UE est contre "toute mention explicite du commerce", toute mention des droits de propriété intellectuelle, et elle promet que l'UE minimisera "les discussions sur les questions liées au commerce"»

https://www.politis.fr/COP-21-La-Commission-europeenne-a,33378.html

Ce fut une formidable gifle envoyée par la Commission Européenne de l’époque aux jeunes générations et plus largement aux peuples européens.

Rappelons que Les négociations entre l'UE et le Vietnam ont débuté en juin 2012 et ont été conclues le 2 décembre 2015 (date de la conférence de Paris). Elles ont donc été menées avec la philosophie de l'ordre stupide décrit ci-dessus.

Soyons lucides et ne nous voilons pas la face.

L'inaction climatique étant le premier des dangers pour l'humanité, vendredi 15 février, en rentrant chez eux, soit les députés européens pourront démontrer que la majorité du Parlement Européen a fait son devoir pour l'humanité, soit (en cas d’approbation ou d’abstention) ils n’auront plus qu'à théoriser sur leur impuissance collective à limiter le réchauffement climatique lié au commerce mondial.

Ne parlons même pas du rêve européen et des promesses de campagne du 26 mai dernier, dont on ne parlera plus qu’au passé, si on n’en tient aucun compte dans les accords de libre-échange postérieurs aux élections.

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Ancien directeur général d'un syndicat patronal du secteur agroalimentaire, Bertrand de Kermel est aujourd'hui Président du comité Pauvreté et politique, dont l'objet statutaire est de formuler toutes propositions pour une "politique juste et efficace, mise délibérément au service de l'Homme, à commencer par le plus démuni ". Il est l'auteur de deux livres sur la mondialisation (2000 et 2012)

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