Les attentes de bénéfices des entreprises sont déraisonnables, même si comme chaque année le marché n'y prête pas vraiment attention. Avec la croissance économique attendue on devrait avoir une progression des bpa au mieux très légèrement positive. Le ralentissement allemand semble surtout dû à un problème de demande domestique.
Point de marché : et les profits dans tout ça ?
La saison des résultats a commencée et pour l’instant elle réserve plutôt des surprises positives. Toutefois, comme chaque début d’année, les attentes de progression des profits sont déraisonnables : les analystes attendaient une progression de 9,2% des bpa cette année sur l’indice Euro Stoxx. Ce qui avec une croissance du PIB attendue par le consensus à 1,0%, tient plus du phantasme que de la prévision sérieuse. D’ailleurs ces mêmes anticipations ont emprunté le chemin traditionnel, elles baissent vers des niveaux plus raisonnables. A noter toutefois, elles ont tendance à résister, pour l’instant, un peu mieux que sur la moyenne des années précédentes.
Le marché s’en émeut peu : comme chaque année ces prévisions sont vues comme trop optimistes et la révision à la baisse est déjà anticipée.
La question plus importante pour les marchés est de savoir jusqu’où irons ces révisions, surtout après l’effet coronavirus qui devrait peser sur la croissance et donc diminuer au moins temporairement les bpa. Sans grande surprise, on trouve une très forte corrélation entre la croissance économique et celle des bpa comme le montre le graphique suivant.
En utilisant cette relation historique, on trouve qu’une croissance économique de 1,0% en zone euro, le consensus à l’heure actuelle, correspond au point mort de la croissance des bpa. Pour donner un ordre de grandeur, si le ralentissement portait la croissance sur l’année à 0,5% seulement, il faudrait alors attendre une baisse des bpa de 3%.
Malgré la bonne tenue pour l’instant de la saison des résultats, il est donc plausible que la croissance des bpa converge vers un niveau certes positif mais très faible. Le potentiel de performance pour la bourse demeure sur l’année, surtout si la croissance connait une accélération après la fin de l’épidémie. Mais ce potentiel est, on le voit, assez limité.
Bizarrerie allemande
Deux données économiques intéressantes ont été publiées récemment par l’Allemagne : la production industrielle, en baisse et décevante, et la balance commerciale, avec des exportations toujours dynamiques. Il est intéressant de mettre ces deux statistiques en regard car le décrochement de la production industrielle est saisissant.
Morale de l’histoire : le manque de dynamisme allemand n’est pas vraiment dû à la contrainte extérieure, les exportations vont bien, merci pour elles. C’est donc, pour beaucoup, un problème de demande intérieure.