En marchant dans les pas d'Helmut Schmidt, ancien chancelier fédéral d'Allemagne, le président Ouatarra emmène la Côte d'Ivoire vers la croissance.
Le 31 octobre dernier, les Ivoiriens étaient appelés à voter pour élire leur prochain président de la République. Grand vainqueur de cette élection présidentielle, Alassane Ouatarra, économiste de formation arrivé au pouvoir en 2011, l'a une nouvelle fois emporté ce mardi 3 novembre. Avec un score de 94,27% et un taux de participation de 53,9%, le président de la Commission électorale ivoirienne (CEI) déclare que « globalement, le vote s'en bien passé ».
C'est en s'appuyant sur la politique économique du chancelier Helmut Schmidt, cette dernière ayant fait le succès industriel de l'Allemagne, que le Président de la Côte d'Ivoire a su faire ses preuves : une première sur le continent.
Au sujet de la Côte d'Ivoire, l'agence américaine de notation Moody's insiste : « La seule époque où ce pays, leader de l'UEMOA, a connu une telle performance, c'était entre 1960 et 1978, quand il était surnommé « le miracle ivoirien. » ». Le pays va-t-il vers un second miracle ?
C'est en tout cas sous une croissance économique hors du commun qu'Alassane Ouatarra a été élu pour la troisième fois. C'est d'ailleurs ce développement hors-norme qui guide sa popularité au plus haut depuis plusieurs mois. En effet, la Banque Mondiale déclare : « avant le choc provoqué par la pandémie du coronavirus, la Côte d’Ivoire continuait d’afficher l’une des croissances économiques les plus fortes du continent africain et du monde, projetée à 7 % en 2020, avec une progression moyenne de 8 % par an depuis 2011 ». La Côte d'Ivoire affichait l'année passée un PIB par habitant de 2 286 dollars, le plaçant ainsi devant le Ghana, premier producteur d'or en Afrique, et le Niger, huitième exportateur de pétrole au rang mondial. Son PIB de 2010 a doublé en 2019, passé de 25,4 milliards de dollars à 58,8 milliards de dollars, toujours selon la Banque Mondiale.
Oublié donc son statut de simple exportateur de cacao, le pays a su diversifier son économie, même s'il reste important de souligner que la production de cacao a doublé en une décennie, allant jusqu'à atteindre les 2,1 millions de tonnes en cette année 2020. La Côte d'Ivoire en demeure le plus gros producteur mondial, occupant 40% du marché. Le cacao et ses dérivés comptent pour pas moins de 15% du PIB, selon la Banque Mondiale.
La Côte d'Ivoire d'Alassane Ouattara est devenue le pays le plus riche d'Afrique de l'Ouest et l'un des pays les plus dynamiques à l'échelle mondiale.
Si certains juxtaposent cette croissance exceptionnelle avec les inégalités persistantes du pays, le taux de pauvreté est tombé de 55,4% à 39,5% sous sa présidence, en 2018. A moyen terme, il pourrait parvenir à faire ses preuves sur cette pauvreté persistante. Il déclarait d'ailleurs en août dernier que son gouvernement avait inversé la courbe de pauvreté, qui est en certain déclin selon ses dires.
Une croissance basée sur les services tels que l'électricité, les routes, le BTP, l'eau potable, la construction, les télécommunications et l'énergie. Il est vrai que la stratégie du Président n'est pas sans rappeler celle d'Helmut Schmidt, ancien chancelier d'Allemagne, en 1974 : investissement, fiscalité allégée, secteur privé favorisé et inflation maîtrisée ont aussi apporté à la Côte d'Ivoire des chiffres records.
Rentrant grandement en jeu ces derniers mois, la crise sanitaire due au Coronavirus vient cependant bousculer tous les chiffres. Il est attendu que la croissance de 2020 descende à 1,8% à cause de la pandémie. Cependant, certains s'accordent sur un possible rebond à 5% en 2021, et à une croissance les années suivantes permettant ainsi au pays de revenir à son niveau d'avant crise. Le gouvernement a pour cela élaboré « un plan de soutien économique, social et humanitaire » pour 2020-2021, représentant jusqu'à 5% du PIB.