Pour faire face aux fermetures ponctuelles de crèches ou d'écoles liées à la recrudescence de cas de Covid, le gouvernement a réactivé ce 11 septembre le droit au chômage partiel pour les parents se retrouvant sans solution de garde. Cette mesure, très utile aux parents, coûte cher aux finances publiques. Aussi, et c'est parfaitement compréhensible, des conditions beaucoup plus strictes sont désormais exigées pour bénéficier du dispositif.
Parmi ces conditions, il est stipulé qu'une famille où l'un des deux parents peut télétravailler ne pourra pas bénéficier du chômage partiel. Ceci revient à dire que le parent dont l'enfant est privé de crèche ou d'école est prié de télétravailler à plein temps tout en assurant la garde de son enfant …et c'est là que le bât blesse.
Télétravailler permet certes à un salarié une plus grande flexibilité dans l'organisation de son travail et lui fait gagner du temps en évitant les trajets domicile-travail. Un salarié en télétravail à son domicile peut bien évidemment interagir ponctuellement avec son enfant, assurer son déjeuner, être une présence rassurante dans la maison. En revanche, il est totalement illusoire de croire qu'on peut cumuler une journée de travail efficace et complète pour son entreprise tout en assurant toutes les tâches essentielles auprès d'un ou plusieurs jeune(s) enfant(s). Or, pour le moment, le dispositif gouvernemental ne fait aucune différence selon qu'un parent doive garder un tout petit ou un grand ado.
L'enfant de moins de 3 ans a besoin - en dehors de la sieste, évidemment - d'une présence constante à proximité, tant pour veiller à sa sécurité que pour participer à son éveil. Promenade, jeux, lecture d'histoire, bricolage…les puéricultrices dans les crèches aussi bien que les parents au foyer ne font pas rien de leur journée.
Pour les enfants scolarisés, ils gagnent certes progressivement en autonomie au fur et à mesure qu'ils grandissent. Mais, le confinement du printemps dernier l'a montré, pour qu'une période passée à la maison ne soit pas synonyme de décrochage scolaire, un enfant a besoin d'être très largement soutenu, accompagné, encouragé par un adulte présent à ses côtés. Demander à un parent - sous prétexte qu'il est physiquement présent à la maison grâce au télétravail - d'assurer ce soutien en même temps que son activité professionnelle revient à mettre une très lourde charge sur ces pères et ces mères. En mars, avril et mai dernier, de nombreuses mères et certains pères frisaient le burn out à force de passer leurs journées à s'improviser maîtres d'école, inventeurs de distraction en vase clos, remonteurs de moral,… tout en jonglant avec leurs obligations professionnelles jusqu'à des heures avancées de la nuit. La fatigue s'accumulant au sein de ces familles, les tensions et disputes ont aussi eu tendance à se multiplier allant parfois jusqu'à la séparation.
Alors, non le télétravail ne saurait être confondu avec un mode de garde !
Si l'on peut remercier le gouvernement de la mise en place du dispositif venant en aide aux parents lorsque la crèche ou l'école de leur enfant ferme, il serait utile de mieux prendre en compte la réalité de terrain : même en cas de possibilité de télétravail, il devrait être reconnu à tout parent un droit à cesser ou diminuer fortement son activité professionnelle lorsqu'il doit prendre en charge à plein temps un enfant de moins de 6 ans dont la crèche ou la maternelle a fermé, et un droit à réduire son activité professionnelle si ce parent doit assurer une présence et une aide à la scolarité pour des enfants de 6 à 12 ans.
L'idéal serait d'ailleurs de donner une vraie flexibilité aux parents en leur permettant de choisir au cas par cas avec leur entreprise le dispositif le plus adapté à leur famille pour concilier au mieux responsabilités professionnelles et responsabilités familiales.