FED : le nouveau mensonge (2/2)

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Par Brendan Brown Publié le 19 septembre 2020 à 10h23
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@shutter - © Economie Matin
135%La dette des USA a atteint 135% du PIB.

La politique monétaire de la Fed est en train d'échouer - et avec elle, c'est tout le système qui risque de s'effondrer. Or les banques européennes sont en première ligne…

La combinaison de la pandémie avec des taux d'intérêt faméliques imposés par la Fed a créé un terrain remarquablement fertile pour l'émergence de deux nouvelles bulles spéculatives.

La première repose sur l'idée que « l'action volontariste » de la Fed et des banques centrales étrangères ( dont nous avons commencé à parler hier ), notamment les programmes massifs de rachats d'actifs financés par la création monétaire, a permis d'éliminer le risque d'insolvabilité. Cela explique l'appétit du marché pour les obligations à haut rendement (car risquées) durant la pandémie.

La seconde concerne les profits monopolistiques résultant de l'accélération de la digitalisation. D'après cette théorie, les mégas-profits actuels ou potentiels de certaines sociétés perdureront bien après la pandémie.

Ces bulles spéculatives n'ont fait que renforcer la perception qu'un plan de relance économique géant est en cours.

Un choc encore plus grave ?

Cependant, ces bulles pourraient se dissiper soudainement - bien avant que ne démarre un éventuel boom économique suite à la pandémie. Le plus énorme de tous les programmes de relance monétaire pourrait se révéler être pire qu'un simple échec - ce pourrait être l'élément déclencheur d'une nouvelle récession, précisément au moment où le choc d'offre provoqué par la pandémie s'estompe.

Les efforts de la Fed pour éviter qu'une crise financière ne se produise au cœur de la pandémie pourraient ainsi déclencher une crise encore plus grave.

Personne ne peut prédire (en totale honnêteté) la tendance future des actions ayant bénéficié de la pandémie ; cela dépend des décisions des traders à court terme. Il en va de même pour l'évolution du marché des obligations à haut rendement, qui dépend de théories hautement contestables selon lesquelles certaines sociétés bénéficieront pendant encore plus de 30 ans de juteuses rentes de monopole ou que la Fed aurait entièrement mis fin au risque d'insolvabilité.

Pour le prédire, il faudrait savoir à quel moment un groupe important d'investisseurs décidera de prendre ses bénéfices sur ce marché, qui ressemble quasiment à une pyramide de Ponzi, estimant qu'il ne peut pas y avoir davantage de nouveaux investisseurs à qui vendre et que les autres acheteurs potentiels - des vendeurs à découvert décidant de fermer leurs positions - seront déjà sortis du marché, en général tétanisés en raison des pertes qu'ils ont subies.

Nous savons, en revanche, que les dettes colossales qui ont été accumulées ont pour nantissement de mauvais investissements, aussi bien dans les pays émergents que dans les chaînes d'approvisionnement internationales ou dans les activités non dématérialisées, y compris l'immobilier commercial, le transport et l'extraction de matières premières énergétiques.

Peur et destruction

La peur et la destruction effective de la valeur de ces actifs utilisés comme garantie sont à l'origine des phénomènes de récession et des dépression économiques, et cela va probablement se prolonger au-delà de la période de la pandémie.

Les dégâts économiques de la pandémie que nous avons déjà pu observer jusqu'à présent ne nous épargneront pas pour autant de mauvaises nouvelles supplémentaires à venir en ce qui concerne les mauvais investissements et les gaspillages gigantesques qui ont eu lieu en raison de la grande période d'inflation du prix des actifs entre 2013 et 2020.

Le choc d'offre a mis en évidence les mauvais investissements réalisés dans certains secteurs (en particulier le transport aérien, le tourisme et les centres commerciaux) tout en les camouflant dans d'autres domaines (comme par exemple la digitalisation excessive).

Les banques et autres organismes de crédit, en particulier en Europe, sont extrêmement vulnérables en cas d'effondrement de la valeur des actifs utilisés comme collatéral. Les fantasmes en matière de rente de monopole des grandes sociétés technologiques ou de développement d'un vaccin et autres traitements ne pourront effacer les mauvais investissements réalisés ainsi que les pertes sur les crédits accordés pour financer ces investissements.

L'empereur dans ce spectacle - qu'il s'agisse du président Powell ou du président occupant actuellement la Maison Blanche qui l'avait nommé à la tête de la Fed - promet à présent au public le retour à la « prospérité économique d'avant la pandémie. »

On peut douter que cette prospérité aurait perduré encore longtemps, même sans l'arrêt de l'économie imposée face à la pandémie. Mais la prospérité que nous promettent désormais les grands monopoles, basée sur une digitalisation à marche forcée dans le contexte de la pandémie, n'est certainement qu'un mirage.

En attendant, Jerome Powell préfère éviter d'admettre que le principal bénéficiaire de la révision de l'objectif d'inflation de la Fed sera l'Etat-mammouth, pour qui la Fed représente désormais un gigantesque instrument de taxation, en premier lieu au travers de l'imposition par la répression monétaire, puis dans un second temps de l'imposition par l'inflation.

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Brendan Brown est l’un des associés fondateurs de Macro Hedge Advisors et chercheur au Hudson Institute. En tant qu’économiste spécialiste des questions monétaires et financières internationales, consultant, et auteur, il a notamment occupé le poste de directeur de la recherche économique chez Mitsubishi UFJ Financial Group. Il est également chercheur associé au Mises Institute et auteur de plusieurs ouvrages.