Le but de la Société d’Économie Définie (SED) est de promouvoir l’économie politique articulée au moyen de définitions recevables en logique des ensembles finis. À première vue, c’est abscons. Comprendre d’où part et où conduit cette réorientation est pourtant à la portée de beaucoup de gens.
Je vais passer ici en revue les attendus les plus importants du but qui vient d’être dit. Chemin faisant, je me réserve de changer peu ou prou l’ordre ou la rédaction de ces notes. Ce sera avant tout afin de les rendre plus compréhensibles non seulement par les personnes qui connaissent vaguement les arcanes de la théorie économique et de ses applications, mais aussi par celles qui croient n’en rien savoir. Alors que tout un chacun vit de nos jours dans un flux croissant de changements en grande part d’origine économique, avec désormais en perspective de plus en prégnante rien de moins que la Terre rendue prématurément inhabitable, personne n’est de trop pour comprendre comment l’économie peut être profondément assainie.
L’économie politique, ses niveaux, son importance
Aux lecteurs qui n’ont pas encore d’opinion sur ce qu’il est le plus clair et utile d’appeler « économie politique », je propose l’acception que voici : ensemble de propositions de science économique et d’orientations de politique économique. Bien évidemment, il est souhaitable qu’un tel ensemble soit cohérent et conforme à ce que le réel et le réalisable autorisent. Tout aussi évidemment, il y a en économie politique ainsi entendue une base et des approfondissements. C’est pourquoi il reste clair, utile et cohérent d’appeler « économie politique de base » un ensemble de propositions premières de science économique et d’orientations majeures de politique économique.
Dans cette acception, l’économie politique de base concerne tous les citoyens. C’est au point qu’il y a trop de non-dits dans une éducation civique qui ne se réfère pas explicitement à une économie politique de base, comme il y en a également trop dans un parti politique, une centrale syndicale et d’autres institutions dont la doctrine économique et plus largement sociale ne prend pas formellement appui sur une telle référence. Moins de publications et de débats contradictoires sur les économies politiques de base appauvrit l’opinion publique. Il y a là un attendu de grande importance du but de la Société d’Économie Définie.
Notion et concept, départ de l’autre voie, trois raisons
Les acceptions que je viens d’indiquer ne précisent pas dans quel sens elles utilisent l’adjectif « économique » et le substantif « économie ». Jusqu’à présent et de plus en plus complaisamment il faut le craindre, ces mots renvoient à des notions, à savoir des idées imprécises, et non à des concepts, à savoir des idées précises. Pour diagnostic de l’état général du segment de vocabulaire où les mots « économie » et « économique » sont le plus intensivement employés, notons ce qu’il en est des substantifs « capital », « productivité », « profit », « revenu », « rentabilité ». Hors du périmètre de l’économie strictement définie, sans complément ils restent tous des notions dans le lexique standard des formations à l’économie et à la gestion. Avec un complément, ils ne participent à la désignation d’un concept que si le sens du vocable ainsi formé n’est plus du tout équivoque. Fort souvent, voire de plus en plus souvent, ce n’est qu’apparemment le cas.
Le quadrillage de la science et de la politique économiques par des définitions recevables en logique des ensembles finis ouvre une autre voie. C’est par construction que les définitions de cette sorte sont des concepts, souvent extraits de notions, toujours produits à force de distinctions. L’histoire des mathématiques élémentaires, de la physique et de la chimie elles aussi élémentaires, regorge de fabrications de concepts à partir de notions. La pensée qui en tient peu compte a, elle, des histoires qu’elle veut continuer à se raconter bien qu’elles ne tiennent pas debout.
Cela observé, il apparaît que la ligne de départ de l’autre voie se trouve au cœur de nos affaires d’argent. Là, il y a de fait la pratique des échanges de marchandise (un service ou un bien) contre ou une créance (une quantité de monnaie légale en est une) ou une autre marchandise (troc). Autrement dit, il y a les échanges marchands. Ils sont un solide point de départ pour toute une série de raisons, dont les trois suivantes. En premier lieu, l’inventaire complet des propriétés spécifiques aux marchandises constitue une définition recevable en logique des ensembles finis. En deuxième lieu, dans la condition humaine les échanges marchands sont un sous-ensemble fini de l’ensemble non fini des échanges sociaux. En troisième lieu, cette finitude est entretenue par le fait que la marchandise n’est au final échangée que contre de la marchandise.
À suivre : l'objet de l'économie en mode défini