Les dirigeants économiques, politiques et monétaires s’obstinent à livrer une analyse erronée de l’origine des crises – et y appliquent donc les mauvais remèdes, depuis des décennies. Dans ces conditions, comment imaginer que la situation s’améliore ?
D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), chaque période de reprise de l’économie mondiale depuis 1975 a été systématiquement plus lente et plus anémique que la précédente. Les reprises économiques prennent plus de temps et se produisent plus lentement.
Dans le même temps, les périodes de crise sont moins violentes bien que plus fréquentes qu’avant 1975. Un autre élément intéressant au sujet des crises et périodes de reprise économique qui se sont produites depuis 1975 est que quasiment toutes les économies supportent à la fin de la phase de récession une dette encore plus lourde qu’au départ de la crise.
La dette mondiale a atteint des sommets sans précédent, dépassant trois fois le Produit intérieur brut (PIB) mondial. Pour que l’économie se redresse véritablement, nous devons cesser cette course aux incitations perverses qui résulte d’une analyse erronée de l’origine des crises et des solutions souvent proposées par les politiciens et économistes qui défendent la pensée dominante.
Je rejoins l’auteur Johan Norberg sur le fait que le marché libre et l’ouverture constituent les deux principaux facteurs à l’origine des progrès phénoménaux que nous avons observés. La liberté d’innover, d’expérimenter, de créer et de partager doit s’accompagner des bonnes incitations.
Or pendant des décennies, cela n’a pas été le cas…
Les gouvernements et les banques centrales ont systématiquement expliqué les problèmes économiques rencontrés par une insuffisance de demande, même lorsque c’était faux.
Accusations sans preuves
Chaque fois qu’une crise ou une récession est survenue, les gouvernements en ont immédiatement conclu que cela devait être la conséquence d’une insuffisance de demande et que le secteur privé était incapable d’assurer un niveau de demande suffisant pour les besoins réels de l’économie. Cela même lorsqu’il n’y avait aucune véritable preuve que les entreprises ou les citoyens investissaient ou consommaient moins que ce dont ils avaient réellement besoin.
Cette théorie était entièrement basée sur l’hypothèse d’après laquelle les entreprises n’investissaient pas « suffisamment ». Par rapport à quoi et d’après qui ? D’après les planificateurs centraux qui profitent des bulles et des surcapacités mais n’en subissent jamais les conséquences, bien entendu.
Les gouvernements et les banques centrales sont incapables de percevoir les risques liés à une situation de surcapacité de production et encore moins de prédire les bulles. Pourquoi ? Parce que la plupart des planificateurs centraux voient la dette, les surcapacités et les bulles comme des dommages collatéraux sans importance par rapport à leur objectif primordial : relancer la croissance à n’importe quel prix.
Derrière cette erreur de diagnostic se cache l’obsession de maintenir ou de faire croître le PIB à tout prix, quelle que soit la qualité de ses composantes. Le PIB est un indicateur relativement facile à gonfler.
J’explique toujours à mes étudiants que le PIB est le seul indicateur économique qui est calculé en ajoutant ce que vous dépensez à ce que vous gagnez. Le PIB peut être gonflé au travers des dépenses publiques et à l’aide d’une augmentation des dépenses de consommation alimentées par la dette.
Quand la dette n’est pas un problème
La dette n’est pas un problème lorsqu’elle remplit sa fonction première, c’est-à-dire financer des investissements productifs et ainsi aider l’économie à croître, tandis que l’innovation et la technologie nous permettent d’être plus productifs et de disposer d’une grande quantité de biens et de services de meilleure qualité à des prix plus abordables. C’est un cycle vertueux.
Mais ce cercle vertueux du crédit se transforme en un cercle vicieux d’endettement improductif lorsque nous encourageons de mauvais investissements et empêchons le phénomène de substitution technologique en mettant en oeuvre des plans de relance massifs par la dépense publique et des injections de liquidités.
Les banques centrales justifient leurs actions en affirmant qu’elles ne sont pas responsables de la réduction des taux d’intérêt, qu’il s’agit d’un phénomène de marché et que la baisse des taux reflète la demande du secteur privé.
Vraiment ? De quelle manière et à quel moment ont-ils réalisé un sondage sur ce sujet ? De quel secteur privé parlent-ils ? Des entreprises obsolescentes ou qui profitent de leurs relations privilégiées avec les autorités ? De celles qui sont déjà lourdement endettées ?
De plus, si les taux bas et les injections de liquidités sont une demande du marché, pourquoi ne pas laisser le marché fixer le niveau des taux et des liquidités disponibles à la place des banques centrales ?
Des questions auxquelles nous tenterons de répondre demain…
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