La recomposition du marché de la téléphonie a commencé dès le début de l’année 2012, lorsque Free Mobile a lancé ses forfaits à bas coût qui ont obligé la concurrence à réagir et à s’aligner, avec plus ou moins de bonne volonté. De fait, la France passait de 3 à 4 opérateurs, une situation jugée intenable et dangereuse pour les marges, l’investissement et l’emploi.
C’est du moins l’argument qu’avancent les dirigeants du secteur. L’an dernier, ils ont pu croire que la consolidation était en marche avec la proposition d’acquisition de SFR par Bouygues Telecom ; mais c’est finalement un autre larron, Numericable, qui a emporté le morceau.
Dette à gogo
Altice, la maison-mère de Numericable qui chapeaute désormais les activités mobiles de SFR (mais également de Virgin Mobile en France), a la boulimie des achats. Son patron, Patrick Drahi, a les faveurs des banques et grâce aux taux d’intérêt particulièrement bas, il peut se permettre d’endetter son groupe — et les 10 milliards qu’il aurait proposé à Martin Bouygues pour emporter le morceau pourrait bien faire pencher la balance.
D’après le JDD qui dévoile l’affaire, l’affaire est encore loin d’être dans le sac. Martin Bouygues voudrait pousser son avantage et forcer la main de Drahi pour gratter 1 milliard supplémentaire. Le conseil d’administration de l’opérateur se réunira mardi pour en décider. Quoi qu’il en soit, si la somme n’est semble-t-il pas encore parfaitement définie, Numericable-SFR a pris les devants avec la concurrence et les autorités.
Cession d’actifs
Afin de s’éviter des problèmes réglementaires, la nouvelle entité — futur numéro 1 du marché devant Orange — accepterait de céder certaines licences, antennes et boutiques à Free ; Orange aurait accepté de reprendre sous son aile plusieurs centaines de salariés de Bouygues Telecom. Patrick Drahi sait qu’il lui faudra convaincre sur le volet social pour emporter le (gros) morceau. Et ça n’est pas gagné : le ministre de l’Économie a dit tout le mal qu’il pensait de ce mariage.