À l’approche de la période estivale, le principe de « passeport vaccinal » s’impose dans le débat afin de permettre les voyages vers l’étranger sans risque sanitaire. Face aux inégalités en matière de vaccination, États comme organisations internationales planchent sur des versions plus ou moins allégées.
Aux grands maux, les grands remèdes. Pour anticiper et faciliter la reprise du tourisme de masse malgré la pandémie de Covid-19, l’Union européenne a présenté, le 17 mars, son projet de « passeport vert » qui devrait régir les voyages à l’étranger dès le mois de juin. Le format final de ce sésame pourtant provisoire, qui pourrait se présenter sous format électronique et papier, reste encore à définir, mais il devrait contenir des informations sur le risque de contamination présenté par son porteur. D’après Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, cette future attestation indiquera si « une personne a été vaccinée contre le Covid-19 », si « elle a guéri » ou si « elle a reçu un résultat négatif à un test ». Valable dans les 27 États-membres de l’UE et pour les vaccins autorisés en Europe, le document devrait se présenter sous forme de QR code et pourrait être disponible dès le mois de juin, espère Thierry Breton. Très attendue par les Européens comme par les professionnels du tourisme, en particulier en Europe méridionale, l’annonce de Bruxelles fait écho à plusieurs autres déclarations et initiatives nationales sur le sujet, à commencer par la France.
Jusqu’à fin février, le gouvernement était a priori opposé à une attestation vaccinale, qui « instaurerait une discrimination envers les personnes non-vaccinées », selon Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État en charge du tourisme. Mais fin février, Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’un « pass sanitaire » allégé incluant les résultats de tests de dépistage, voire l’immunisation suite à une guérison du virus. Cette piste est notamment plébiscitée par les secteurs du tourisme, mais aussi de la restauration, de la culture et de l’événementiel, quasiment à l’arrêt depuis un an. La solution du passeport sanitaire est déjà instaurée dans plusieurs pays comme Israël et la Chine, où l’accès à certains lieux (salles de restaurant, piscines, musées, etc.) et les déplacements à l’étranger sont conditionnés à la présentation d’un QR code comportant des données sur le statut relatif au Covid. En Europe, la Grèce et Chypre ont adhéré au dispositif israélien pour l’accueil des touristes en provenance de l’État hébreu, tandis que le Danemark, la Suède et l’Estonie planchent sur leur propre attestation sanitaire. Plusieurs autres pays européens comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal, Malte, la Pologne ou encore la Hongrie ont, eux aussi, démontré leur intérêt pour ce type de dispositif.
Le certificat de santé numérique, bientôt incontournable pour voyager à l’étranger ?
L’idée d’instaurer un passeport sanitaire pour voyager ou fréquenter des lieux à vocation sociale remonte à l’avant-coronavirus. Dans le secteur de l’aviation, l’Association internationale du transport aérien (IATA) planche en effet depuis plusieurs années sur le sujet. Elle a d’ailleurs annoncé la sortie fin mars de son « Travel Pass », une application déjà adoptée par 18 compagnies aériennes qui contiendra les informations civiles et sanitaires de l’usager. En la matière, d’autres solutions sont déjà sur le marché, comme le digital health pass d’IBM ou le passeport santé du Suisse SICPA. Ces attestations sanitaires numériques utilisent tous les deux la technologie blockchain afin d’assurer la confidentialité et l’authenticité infalsifiable des tests. L’un comme l’autre devraient pouvoir être intégrés à des dispositifs existants, comme le Travel Pass d’IATA, l’application TousAntiCovid de la France si le gouvernement le prévoit, et bientôt le certificat vert de l’Union européenne.
Spécialiste de l’authentification de documents officiels, SICPA a été mis au point avec Guardtime, spécialisé dans la blockchain, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé. Son protocole, baptisé Certus, est déjà utilisé par plusieurs structures à travers le monde : dans le transport aérien et maritime, mais aussi dans le sport. « Notre plus gros utilisateur, la Ligue continentale de hockey sur glace (championnat de 24 équipes représentant six pays d’Eurasie dont la Russie) utilise Certus depuis l’été 2020, confie Philippe Thévoz, vice-président de SICPA. Ses membres sont régulièrement testés et doivent montrer leurs résultats à chaque fois qu’ils entrent dans une patinoire. Plus de 100 000 certificats ont été générés depuis l’an dernier. La compagnie aérienne russe Aurora fait aussi appel à nos certificats. Le système est également utilisé dans du trafic maritime entre les Philippines et Singapour, où il permet aux marins de débarquer. »
Preuve de l’intérêt pour les certificats sanitaires numériques, SICPA aurait déjà, depuis le printemps 2020, commercialisé sa technologie à des organisations sportives et des compagnies aériennes, soucieuses de juguler la propagation du virus. Avec le déploiement de la stratégie vaccinale et la disponibilité des tests, l’Etat a maintenant tous les outils nécessaires pour rouvrir les lieux de culture, de sport et d’échanges.