Eleveurs en colère : plan d’urgence d’1,1 milliard, en fait 100 millions d’euros

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 13 décembre 2022 à 20h40
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1,1 MILLIARD €Le gouvernement a annoncé un plan d'urgence de 1,1 milliard d'euros pour les éleveurs français.

La mobilisation massive des agriculteurs et des éleveurs aura payé... ou presque. Il faut dire que le gouvernement ne pouvait pas se permettre de voir le Mont-Saint-Michel, deuxième lieu touristique du pays, continuellement bloqué par les tracteurs. Déjà que la France a la mauvaise réputation de faire toujours grève... Un "plan d'urgence" pour les agriculteurs a été annoncé ce mercredi 22 juillet 2015. Mais en réalité c'est de la poudre aux yeux.

Un plan à 1,1 milliard d'euros... ou à 100 millions ?

Face à la menace de la dégénération du mouvement, surtout après que les Bonnets Rouges qui ont fait plier le gouvernement sur l'Ecotaxe se disaient prêts à intervenir, le gouvernement n'a pas eu d'autre choix. En grande pompe il a annoncé un plan en 24 mesures ce mercredi 22 juillet 2015 lors d'une conférence de presse du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Une conférence de presse à l'Elysée, dans le jardin d'hiver, avec pas moins de 6 ministres et le Premier ministre... De quoi rendre la chose importante.

"Nous entendons l'angoisse des éleveurs, nous sommes à leurs côtés", a déclaré Manuel Valls. Mais comme toujours, ce ne sont que des mots.

Car ce plan, en 24 mesures, ce n'est que de la poudre aux yeux : si le gouvernement annonce 1,1 milliard d'euros d'aides, c'est surtout qu'il renonce à toucher de l'argent maintenant. Il y a dans ce montant 500 millions de reports de charges fiscales et sociales et 500 millions de prêt de trésorerie. Autant d'argent que les agriculteurs et les éleveurs devront, un jour ou l'autre, rendre à l'Etat.

Tout compte fait... il ne reste plus qu'un petit plan à 100 millions d'euros. Une bagatelle, des broutilles, des miettes alors que plus de 20 000 exploitations en France sont sur le point de fermer.

Aussitôt annoncé, aussitôt critiqué

Si le gouvernement a soigné sa comm'... les concernés ne sont pas dupes. La FNSEA (Fédération nationale des Syndicats exploitants agricoles) estime tout simplement que ce plan c'est du "recyclage de dispositifs déjà annoncés", selon les propos de Xavier Beulin qui ajoute :

"Nous en avons ras le bol des prêts de consolidation. Cela ne fait que repousser les problèmes. Au bout du compte, il faut bien rembourser un jour."

Christian Jacob, chef de rang de "Les Républicains" (ex-UMP) à l'Assemblée est également critique estimant que "C'est une opération de communication, c'est une mascarade, ce plan d'urgence n'est pas à la hauteur des enjeux de l'agriculture français."

Les barrages ? Parfois levés, parfois pas

Si le gouvernement a réussi à camer les flammes de la révolte, il n'aura pas éteint l'incendie et les syndicats des agriculteurs et des éleveurs sont partagés. Certains, comme la FNSEA du Calvados, s'estiment assez satisfaits et comptent lever les barrages.

Mais d'autres, comme les éleveurs de Saint-Malo, ne sont pas du même avis : "Nous n'allons pas lever les barrages après trois jours d'action car les résultats obtenus sont nettement insuffisants".

Toutefois, conscients des soucis de circulation, la FNSEA appelle à lever les barrages au moins pour ce week-end du 25-26 juillet 2015, nouveau gros chassé-croisé des vacances. Mais rien n'empêchera les manifestants de les réinstaller dès lundi.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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