L'innovation, voilà le mot à la mode, tout le monde veut innover. Pour beaucoup, innovation rime avec technologie de pointe, nouveauté, compétitivité, et en effet il serait difficile de contester ces attributions, mais pour autant l'innovation ce n'est pas que ça, l'innovation ne doit sûrement pas être réduite à cela.
Il serait difficile aussi de définir l'innovation comme une finalité, car cela serait l'amputer d'une grande partie de ces attributs. L'innovation en effet est avant tout un processus, un chemin sinueux, où chaque étape est majeure, et participe aux changements que va engendrer cette innovation.
C'est également un apprentissage : en innovant on apprend de nouvelles manières de faire, un nouveau mode de vie, de penser, de se positionner face à son monde, face à un changement.
L'innovation sert de levier à beaucoup de choses dans nos sociétés contemporaines. Celle-ci pourrait d'ailleurs presque s'apparenter aux sciences humaines tant l'homme et l'innovation sont étroitement liés et s'interpellent en permanence, l'innovation challenge l'homme comme l'homme challenge l'innovation.
Aujourd'hui, alors que nous vivons une réelle période de transition, les nouvelles générations - millenials et la génération y ou z comme on les appelle-, aspirent à de nouvelles manières de consommer et de vivre. Les priorités et les objectifs de vies évoluent et s'éloignent de plus en plus de ceux instaurés après les trente glorieuses. La crise de la COVID a accentué ces questionnements, et a même sensibilisé une autre génération à ces nouvelles problématiques. Cette crise sanitaire a un impact direct sur les comportements et les responsabilités sociétales des individus (après le premier confinement, une étude BVA était sortie sous le nom de Mesurer l'impact réel de la crise : quel portrait de la société française post-Covid ? , qui notifiait que "Plus d'un Français sur deux (53%) estime que le monde d'après sera différent du monde d'avant sur le plan environnemental »).
Qui dit questions dit réponses à trouver
En effet, comme dans toute période de crise et de questionnement, un temps de recherche et de réponse vient ensuite se positionner, un moment intéressant dans le sens où nous devons tous ensemble réfléchir de manière aussi bien collective qu'individuelle à ce que nous pouvons apporter à notre société, et quels sont les nouveaux moyens pour accompagner et faire aboutir ce moment de transition vers une nouvelle réalité plus durable et respectueuse de notre planète..
Et au-delà des individus, c'est une certitude que les entreprises, en tant qu'organisations sociales, ont un rôle plus que majeur à jouer, autant dans le fait de répondre à de nouveaux besoins, que de réorganiser leur appareil productif et leurs opportunités de business.
Si je prends l'exemple de l'environnement, une problématique de plus en plus sur le devant de la scène dans le discours public, et qui constitue un réel nouveau challenge pour les entreprises, de nouvelles solutions et modes de pensée se mettent en place et gagnent rapidement du terrain.
Innovation, environnement et opportunités business vont de pair
Transition écologique et transition numérique ne sont pas antinomiques : savoir innover et savoir être frugal ne sont pas divergents mais une responsabilité que chacun doit assumer. L'innovation est un levier et une réconciliation à cette problématique, et c'est dans ce sens que les entreprises doivent aller pour devenir les entreprises de demain.
D'un côté, cela recouvre les politiques RSE des entreprises, qui sont encore souvent plus de la communication et du marketing au service d'une image de marque que de réelles transformations des business modèles elles-mêmes génératrices de création de valeur.
D'un autre côté des entreprises font profondément évoluer leur raison d'être et de nouvelles entreprises, des start-ups « impact native » naissent.
Du côté des entreprises, on voit apparaitre les premières entreprises à mission, un phénomène qui reste encore rare (on peut en compter 20 en France aujourd'hui) inspiré des benefits corporations aux USA. Dans ces premières entreprises à mission figure Kéa and Partners, une entreprise avec qui l'Innovation Factory, l'association dont je suis présidente, travaille régulièrement, et c'est avec aux que nous avons choisi de développer cette année un cycle de conférence sur l'innovation à impact.
Les start-ups à impact sont aussi des acteurs centraux de ce nouveau type d'innovation, des start-ups qui vont plus loin, en pensant des innovations technologiques comme l'intelligence artificielle ou bien encore les places de marché décentralisées au service de causes responsables telles que la santé, l'éducation ou bien encore l'environnement. Un engagement qui a d'ailleurs fait émerger une nouvelle typologie d'investisseur « l' impact investing ». Ces nouveaux acteurs ont compris qu'avoir un objectif autre que celui de la rentabilité n'empêche pas de se positionner sur des marchés attractifs et de créer des opportunités business.
Ces nouvelles positions sont pour moi clefs dans l'évolution de nos sociétés. Et c'est d'ailleurs parce que j'en suis persuadée, que j'ai été à l'initiative avec Sophie Flak du projet Planet' Tech care, porté aujourd'hui par Syntec Numérique afin de mettre à disposition des entreprises une palette d'outils pour réduire l'empreinte environnementale du numérique.
Comme le digital il y 10 ans, l'innovation à impact est aussi un processus d'inclusion, autant dans les sujets qu'il challenge que dans les gens qui vont en bénéficier : il est pour moi primordial de croire à ces nouveaux types d'innovations, et de les démocratiser afin que chacun puisse devenir acteur du monde dans lequel nous vivons.