Alors que ce jeudi 3 septembre 2015 la ville de Paris a été assiégée par les agriculteurs et quelques milliers de tracteurs venus des quatre coins de la France, le gouvernement a annoncé des aides pour la filière. Des aides qui ne font encore une fois que reporter le problème, un peu comme lorsque la Grèce emprunte pour rembourser ses dettes.
1 milliard d'euros par an pendant trois ans
Le mouvement des agriculteurs avait été largement soutenu par l'opinion publique qui, à hauteur de 84%, comprenait la manifestation et la colère de ces derniers et à 66% la soutenait. Autant dire que le gouvernement, à l'approche des élections régionales puis présidentielles, ne pouvait pas rester les bras croisés.
Du coup il a annoncé encore des aides ou plutôt... une rallonge du plan d'urgence que François Hollande avait lancé le 22 juillet 2015. Au total ce seront 3 milliards d'euros en trois ans, soit 1 milliard d'euros par an, qui seront débloqués pour les agriculteurs criblés de dettes et qui n'arrivent pas à se dégager un salaire convenable à cause des prix d'achat trop bas.
Les remboursements de dettes dans le viseur
La première aide que le gouvernement a débloquée est une "année blanche pour le remboursement des dettes bancaires". Pas une suppression ou une réduction mais juste une année blanche... une année de répit, donc, avant que la galère ne recommence.
Les intérêts d'emprunt seront désormais pris en charge par l'Etat pour un total de 100 millions d'euros (le double qu'auparavant) et les cotisations à hauteur de 50 millions d'euros (trois fois plus qu'auparavant). L'Assurance maladie aussi sera modifiée pour alléger les coûts des agriculteurs.
Mieux : le gouvernement a annoncé que "jusqu'en février 2016" il n'y aura pas de "nouvelles règles contraignantes" comme notamment des règles sur les tests et les expérimentations. Jusqu'en février 2016 donc...
Pas d'accord sur le prix comme le voulaient les manifestants
Si toutes ces aides sont un début et que Xavier Beulin, président de la FNSEA, est content de cette décision, ce n'est absolument pas ce que réclamaient les agriculteurs qui l'ont clairement hué. Ces derniers estimaient nécessaire une réforme en matière de prix car c'est le prix le problème.
Les agriculteurs et la filière de l'agroalimentaire n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le prix d'achat du produit brut : les agriculteurs font face à la concurrence et aux traders ce qui fait chuter les prix et les empêche d'être rentables. Mais le gouvernement a préféré jouer la carte des "aides"... car c'est beaucoup plus simple.