« En 2019, la loi Pacte a invité les dirigeants d'entreprise à impulser la mutation vers un capitalisme plus responsable, tant attendu par les nouvelles générations. En pleine crise du Covid-19, en 2020, nous avons vu cette vision à l'œuvre : de nombreux dirigeants d'entreprise ont fait le geste de la solidarité envers leurs collaborateurs, les soignants, les patients et les communautés locales. Cette mutation est urgente et peut aider à traverser la grave crise économique qui, à l'heure où nous écrivons ces pages, menace de suivre la pandémie... »
L'entreprise vraiment responsable propose une vision pragmatique de la responsabilité des entreprises, mêlant l'approche de l'économiste Patrick Lenain et celle de l'entrepreneur Jean-Noël Felli, spécialiste des enjeux d'innovation et de transformation, en particulier sur les questions liées à la raison d'être et aux impacts sociétaux.
« Dans le livre, Patrick dresse un bilan du capitalisme et il explique comment la vision purement financière de l'entreprise a aggravé les problèmes actuels. Jean-Noël explique quant à lui que la voie de sortie vers le haut consiste à considérer profitabilité et responsabilité de l'entreprise comme complémentaires. Pour nous, ces deux objectifs se renforcent mutuellement : une entreprise est d'autant plus profitable et pérenne qu'elle prend sa responsabilité sociétale - c'est-à-dire sociale et environnementale - au sérieux, en prenant soin non seulement de ses parties prenantes, mais également de la société tout entière . Parce qu'elle est utile à son écosystème, l'entreprise du XXIe siècle sera protégée par ce même écosystème . »
Afin d'illustrer les propos des auteurs par des exemples concrets, le livre propose à ses lecteurs des encadrés de témoignages de dirigeants comme notamment celui de Stéphane Milhet, vice-président des ressources humaines de Gefco, de Patrice Carayon, président du laboratoire pharmaceutique Chiesi France, d'Emery Jacquillat, Président de la Camif, ou encore des focus sur des bonnes pratiques.
EXTRAIT PRÉFACE de Pascal Demurger, directeur général du groupe MAIF
« Dans notre imaginaire collectif, « faire le bien » et « faire du profit » ont toujours été deux expressions antinomiques, séparant presque les individus en deux clans : ceux qui contribuaient au bien commun et les autres, qui ne faisaient qu'alimenter un système économique cupide. Les entreprises étaient alors bien entendu classées dans la seconde catégorie, celle des organisations qui ne se préoccupaient ni de leur impact sur la société ni du vivre-ensemble. Étudiants, puis dirigeants, nous avons ainsi été formatés à concevoir l'entreprise à travers ce prisme, confortés par la pensée économique qui l'a toujours décrite comme une entité vouée exclusivement à la recherche de profits. La théorie n'était toutefois pas seule en cause. Une entreprise, au quotidien, se préoccupait, avant tout, de chercher des clients, de les conserver, d'adapter son offre aux attentes de ses derniers, d'embaucher ou de débaucher, d'atteindre un objectif de résultat et de distribuer des profits. Autant dire que l'entreprise se souciait rarement du monde extérieur pour autre chose que de ce qui relevait de son objet. Mais, depuis quelque temps, une autre vision vient bousculer ce schéma classique : l'entreprise aurait également une « raison d'être », un rôle au sein de la société, au-delà de son activité économique. D'une poignée d'entreprises à l'origine, nous sommes désormais toujours plus nombreux à être convaincus que l'entreprise du XXIe siècle peut non seulement participer à l'émergence d'un capitalisme plus respectueux, solidaire et responsable, mais qu'elle doit aussi réinventer son rôle et sa place dans la société. Jean-Noël Felli fait partie de ceux qui ont, très tôt, compris que ce changement était à l'œuvre et qu'il fallait désormais l'accompagner.
Car si les dirigeants ont pu longtemps se réfugier derrière l'ignorance de la portée de leurs actes ou de leurs décisions, aujourd'hui, il n'est plus possible de diriger une entreprise sans conscience des conséquences de son action.
EXTRAIT AVANT-PROPOS
Pourquoi écrire ce livre sur « l'entreprise vraiment responsable » ? Quelle est la valeur ajoutée des regards croisés d'un dirigeant d'une entreprise de consultants et d'un économiste ? Et surtout, pourquoi écrire ce livre maintenant, alors que notre société vient d'être bousculée en profondeur par l'épidémie de Covid-19 et l'accélération des changements dans nos modes de vie, nos relations sociales et nos approches professionnelles ? Autant de questions auxquelles nous avons voulu répondre pour introduire cet ouvrage.
Depuis plus de 25 ans, Jean-Noël Felli accompagne des dirigeants d'entreprise dans leurs démarches de transformation et d'innovation. En les aidant à révéler leur raison d'être et à changer leurs façons d'agir, Jean-Noël a permis à ces entreprises et à leurs dirigeants de donner du sens à leur projet en s'appuyant sur leur écosystème et en répondant à des impératifs sociétaux. Certains chefs d'entreprise et managers peuvent voir dans cette question de la raison d'être, au mieux, un outil de communicants et, au pire, une divagation philosophique bien éloignée des considérations économiques de l'entreprise. Mais c'est le contraire : une démarche combinant responsabilité et rentabilité est indispensable aujourd'hui pour rendre l'entreprise compétitive et la préparer à affronter les défis qui ne manqueront pas d'apparaître dans le monde de l'après-Covid-19. En ralliant autour d'elle toutes ses parties prenantes, l'entreprise sera davantage prête à faire face à la concurrence internationale, aux fluctuations économiques, aux changements technologiques, aux mouvements d'opinion et aux conflits sociaux. La loi sur le plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte) fournit un cadre à la notion de raison d'être et de société à mission, visant à transformer l'entreprise et à l'adapter aux nombreux changements qui s'annoncent pour le monde de demain.
Depuis une trentaine d'années, Patrick Lenain se déplace autour du monde afin de conseiller des gouvernements désireux de mettre en place de meilleures politiques face aux défis économiques, sociétaux et environnementaux. Dans cette position, Patrick a pu observer les réussites du capitalisme contemporain : la construction de l'Europe économique et monétaire, le décollage spectaculaire de l'Asie, la modernisation de l'Amérique latine, l'intégration des anciens pays communistes à l'économie mondiale, et la constitution de formidables chaînes d'approvisionnement reliant les pays entre eux. Mais il a aussi pu constater que le capitalisme n'est pas tendre : la concurrence internationale est féroce, les crises économiques sont récurrentes, les dommages causés à la planète ne cessent de s'aggraver, les problèmes d'éthique et de corruption restent d'actualité, et de nombreuses personnes restent à l'écart des gains de richesse. Son travail de recherche publié en 2017, « Doing Well by Doing Good »1, a été le début d'une interrogation sur le rôle des entreprises pour résoudre ces problèmes. Au fil de ses voyages, Patrick a rencontré des dirigeants d'entreprise qui cherchent, à leur échelle, à améliorer la société dans laquelle ils vivent. Leurs efforts seront indispensables dans un monde cherchant à se relever de la grave crise sanitaire du Covid-19.
Nous exerçons des métiers différents, mais l'un comme l'autre, nous cherchons des solutions pour que notre système économique soit plus apte à relever les défis sociétaux et environnementaux. Nos différences de parcours sont un levier de réflexion, qui nous permet de chercher des complémentarités entre l'approche économique et l'approche managériale.