30 milliards d’euros seront investis sur 5 ans. Objectif : construire une économie décarbonée, résiliente et souveraine.
« La France de demain commence aujourd’hui ». Mardi 12 octobre 2021, le président de la République dévoilait le projet « France 2030 », qui « répond aux grands défis de notre temps, en particulier la transition écologique, à travers un plan d’investissement massif pour faire émerger les futurs champions technologiques de demain et accompagner les transitions de nos secteurs d’excellence : énergie, automobile, aéronautique ou encore espace ».
Un plan d’investissement massif
Alors que 75 % des Français continuent de penser que le pays est en déclin, Emmanuel Macron estime que le moment est venu de dénicher les successeurs « du Concorde, du TGV et des réacteurs nucléaires ». Doté de 30 milliards d’euros déployés sur 5 ans (dont 3 à 4 milliards budgétés à partir de 2022), le plan « France 2030 » vise à « développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir ». Pour le chef de l’État, la France n’a pas le choix : elle doit se réindustrialiser si elle veut « redevenir une nation d’innovation et de recherche ».
En effet, « nous avons pris des décisions parfois 15 à 20 ans après certains de nos voisins européens » et nous devons agir vite si nous souhaitons éviter de nous faire « distancer dans les 10, 15 ans qui viennent ». En bref, « nous devons augmenter la capacité de l’économie française à croître par l’innovation », notamment pour continuer à « financer notre modèle social », a expliqué le locataire de l’Élysée. Lequel locataire a de toute évidence l’intention de voir son bail renouvelé. « La stratégie pour 2030 doit nous conduire à investir 30 milliards d’euros pour répondre [à ce qui peut être considéré comme] une sorte de déficit de croissance français », a affirmé le président-candidat.
« Construire une France décarbonée et résiliente »
Le chef de l’État a fixé 10 objectifs « pour mieux comprendre, mieux vivre et mieux produire, à l’horizon 2030 ». Pas moins de 8 milliards d’euros seront consacrés au secteur de l’énergie, dont un milliard au seul nucléaire. Objectif : « construire une France décarbonée et résiliente ». La France de demain devra en particulier être en capacité de construire des petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR, pour « small modular reactor ») d’une puissance allant de 25 à 500 mégawatts (contre 1 600 MW pour l’EPR développé par EDF).
Elle doit également devenir « le leader de l’hydrogène vert ». Afin de produire « massivement » de l’hydrogène, la France devra se doter de deux gigafactories d’électrolyseurs.
Dans le domaine des transports, le chef de l’État a réaffirmé l’objectif d’un avion « zéro émission » en 2030, la production de deux millions de véhicules électrifiés (électriques et hybrides) par an d’ici 2030 ainsi que la robotisation de l’industrie. Au total, 4 milliards d’euros seront investis dans les « transports du futur ». « Si nous ne prenons pas ce virage de l’innovation et de l’industrialisation, nous continuerons de dégrader nos déficits [commercial et public] », a souligné le président de la République, qui s’exprimait devant plusieurs membres du gouvernement, ainsi que des chefs d’entreprise et des jeunes.
Le chef de l’État souhaite également voir la France remonter son retard dans la course à l’innovation en matière de santé. Il a rappelé qu’un plan de 7 milliards a été lancé récemment dans le but de produire 20 biomédicaments contre les cancers et les maladies chroniques (dont celles liées à l’âge) et de créer les dispositifs médicaux de demain. Emmanuel Macron a en outre promis 2 milliards d’euros pour les filières agricoles et agroalimentaires. La robotique, les données et la diversité génétique feront l’objet d’une attention particulière.
Cinq conditions
Volontariste, le président n’en a pas moins attiré l’attention sur cinq conditions nécessaires à la réussite du plan « France 2030 ». D’abord, la sécurisation de l’accès aux matériaux (plastique, métaux et terres rares) doit être garantie. Idem pour le développement du recyclage de ces matières.
Deuxième condition : la sécurisation de l’accès aux composantes électroniques. Pour le chef de l’État, la France doit doubler la production d’ici à 2030 tout en sécurisant son approvisionnement en puces. En outre, la sécurisation de notre environnement numérique est indispensable. Même si l’émergence d’un cloud totalement souverain d’ici 5 ans est un objectif utopique, Emmanuel Macron défend des investissements publics pour sécuriser les « briques technologiques » les plus sensibles où il y a un besoin d’une solution française ou européenne.
La sécurisation des « talents » est la quatrième condition de réussite. A ce titre, un investissement de 2,5 milliards d’euros est prévu afin d’accélérer la formation dans les nouvelles filières. Enfin, l’investissement dans l’industrialisation des technologies de rupture doit être renforcé. L’État va notamment mettre en place une stratégie d’investissement dans la deep tech et les start-up industrielles. 100 sites devront émerger chaque année en France grâce à un investissement de 5 milliards d’euros, dont 3 milliards en fonds propres.