Etats-Unis et Europe sont extrêmement dépendants de l’Asie en matière de semi-conducteurs. Alors que la pénurie fait rage, le problème devient de plus en plus inextricable… et la solution – une question de survie économique comme de souveraineté technologique – ne sera ni rapide, ni simple.
Cela ne vous aura pas échappé, de nos jours, les semi-conducteurs sont partout. Presque chaque objet de notre quotidien, de notre voiture en passant par notre machine à café, contient des puces électroniques.
Et, à mesure que nos appareils électroménagers deviendront plus connectés – mais aussi « plus intelligents » –, la demande en puces augmentera.
C’est une excellente chose dans le cas de figure où cette demande peut être satisfaite. Cela l’est beaucoup moins quand elle ne peut pas l’être. Ce qui est le cas actuellement puisqu’il y a pénurie de semi-conducteurs… Une pénurie mondiale qui nous vient tout droit d’Asie, et qui contribue à asphyxier des pans entiers de notre économie.
En ce moment, dans le monde, on estime que 80% des puces sont fabriquées en Asie. Les Etats-Unis en sont extrêmement dépendants : 65% des entreprises américaines ne produisent pas leurs propres puces.
Heureusement, il y a une solution, face à ce gros problème. Mais elle ne sera ni rapide, ni simple.
Pourtant, c’est la seule façon de protéger notre mode de vie moderne…
Semi-conducteurs : des délais d’attente insoutenables
Pour mesurer l’ampleur de cette pénurie de puces, je vous propose de regarder ce graphique :
Le délai d’attente, pour recevoir de nouvelles puces, est d’au moins 16 semaines
Comme vous pouvez le constater, actuellement, le délai d’attente moyen entre la commande et la réception de puces est de 16 semaines. Cependant, compte tenu de la complexité des chaînes d’approvisionnement, les entreprises ayant besoin de ces puces ne les auront peut-être pas avant sept ou huit mois.
N’oublions pas que le produit qui doit être livré aux Etats-Unis doit généralement parcourir tout le chemin depuis l’Asie (TSMC, à Taïwan, étant le plus grand fabricant de puces). Et pour les fabricants, cela ne signifie rien de bon…
Prenons le secteur de l’automobile, par exemple. Aujourd’hui, quasiment chaque voiture qui sort des chaînes de production a besoin, pour une raison ou pour une autre, d’une puce.
Qu’il s’agisse de faire fonctionner un GPS ou le Bluetooth, certaines fonctionnalités autrefois considérées comme de la technologie de pointe sont désormais des éléments banals que l’on trouve dans les véhicules modernes.
Par conséquent, des centaines de milliers de véhicules sont en attente de puces. Des entreprises telles que GM (General Motors) et Ford refusent de livrer aux concessionnaires des voitures n’étant pas complètement équipées.
La demande de puces et de voitures neuves étant forte, et l’offre de puces et de véhicules étant faible, cela engendre des hausses de prix inédites.
Alors que faire pour régler ce problème ? Fabriquer ses propres semi-conducteurs.
La relocalisation : une question de souveraineté technologique
Les acteurs américains du secteur des puces électroniques s’appuient énormément sur les pays asiatiques pour faire fabriquer leurs semi-conducteurs.
Le principal motif, au départ, c’est bien évidemment que la main-d’œuvre asiatique est extrêmement bon marché, comparée à celle des Etats-Unis.
Mais, dans le cas de Taïwan et de la Corée du Nord, d’où énormément de puces viennent… l’écart salarial est en train de se refermer. Il est donc de plus en plus coûteux d’acheter des puces en Asie, ce à quoi il faut ajouter le coût d’un délai d’attente de huit mois.
La pénurie de puces met en danger les capacités de défense
De plus, cela menace la sécurité nationale. Les technologies militaires et aéronautiques s’appuient toutes sur des cerveaux informatiques avancées, pour les contrôler. Et ces cerveaux ont besoin d’être alimentés par des puces.
En cas de pénurie de puces, cela met en danger nos capacités de défense, en tant que nation.
Donc, si les entreprises américaines ne se mettent pas à produire des puces sur le territoire national… le gouvernement fédéral devrait intervenir et faire en sorte que cela vaille la peine de le faire.
Je pense notamment à des incitations fiscales pour produire sur le territoire : de la construction d’usines à la fabrication. Bien entendu, il pourrait s’écouler des années avant que les lois et les mesures ne soient appliquées.
Mais la chaîne d’approvisionnement est le principal problème, dans ce cas… et c’est un problème qui ne va pas disparaître de lui-même.
Les parts de marché de l’Asie, dans le secteur des puces, devraient augmenter au cours des années à venir, selon les prévisions, alors que celles des Etats-Unis ne feront que stagner.
Alors il faut agir rapidement. Pas seulement pour atténuer la crise des puces actuelles… mais pour protéger à jamais la chaîne d’approvisionnement des puces américaines.
[NDLR : Cet article a été publié à l’origine le 29 juin dernier dans Opportunités Technos, une lettre d’investissement gratuite entièrement consacrée à l’immense potentiel des nouvelles technologies.]
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