Le président de la République a annoncé la fin du remboursement des tests Covid « de confort ». L’obligation vaccinale pour les personnels soignants, le renforcement des contrôles aux frontières et l’extension du pass sanitaire font également partie des mesures annoncées par Emmanuel Macron.
Les mesures sont strictes, mais le président ne manque pas d’arguments. « Redoutable et extrêmement rapide », le variant Delta progresse à toute vitesse. Il représente 40% des contaminations en France. Dans le pays, onze régions voient leur taux d’incidence augmenter, avec des dynamiques épidémiques particulièrement fortes en PACA et en Île-de-France.
Pour lutter, une seule solution s’avère efficace selon l’Élysée : le vaccin. Celui-ci divise par 12 le pouvoir de contamination du fameux variant Delta et évite 95% des formes graves de la maladie. « Le vaccin reste la seule façon de se protéger et de protéger les autres. Il nous faut aller vers la vaccination de tous les Français car c’est le seul chemin vers le retour à la vie normale », résume Emmanuel Macron.
Il est vrai que pour le président de la République, « la stratégie vaccinale est un succès ». Près de 36 millions de personnes ont reçu au moins une dose d’un vaccin contre le Covid-19 et près de 28 millions sont complètement vaccinées.
Mais la défiance demeure importante chez les Français. Près de 40% d’entre eux restent réticents, ce qui est « énorme » aux yeux de Jeremy Ward, sociologue à l’Inserm.
Fin des tests « de confort » gratuits
Un avis visiblement partagé par le chef de l’État, qui a décidé de serrer la vis. La vaccination sera rendue obligatoire pour les personnels soignants et non-soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite et des établissements pour personnes en situation de handicap. En un mot, pour tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent en contact des personnes âgées ou fragiles, y compris à domicile.
Dès cette semaine, les contrôles aux frontières seront renforcés pour les ressortissants en provenance des pays à risques. Dès le 21 juillet, le pass sanitaire sera étendu aux lieux de loisirs et de culture. A partir du mois d’août, le pass s’appliquera dans les cafés, les restaurants, les établissements médico-sociaux et dans les transports de longue distance.
Enfin, les test PCR et antigéniques « de confort », à savoir ceux qui ne sont pas liés à des symptômes ou cas contacts, seront rendus payants à l’automne. L’objectif présidentiel est clair : il s’agit « d’encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests ».
La mesure en dit long sur l’état d’esprit de l’exécutif. La gratuité pour tous en matière de test anti-Covid était une exception française, mais elle était de plus en plus cher payée. Chaque test PCR est facturé 49 euros à l’Assurance-maladie. Le test antigénique, lorsqu’il est réalisé en pharmacie, coûte quant à lui 25 euros à l’Assurance-maladie.
Se tourner vers le vaccin
Problème : les Français en font de plus en plus. Après un pic à 4 millions début avril, le nombre de tests hebdomadaires est reparti à la hausse début juillet. D’après les chiffres de la Dares, il frôle actuellement les 2 millions. En cause, l’impact du variant Delta et la mise en oeuvre du pass sanitaire.
Le coût pour la Sécurité sociale est loin d’être négligeable. Après y avoir consacré 2,2 milliards d’euros en 2020, elle prévoit de dépenser 4,9 milliards d’euros cette année. Soit plus que les 4,6 milliards d’euros mobilisés pour la vaccination en 2021.
Or, comme l’explique le Pr Yves Buisson, président de la cellule Covid-19 de l’Académie de médecine, « on ne sait pas quelle est la partie de tests réalisés à des fins diagnostics et à des fins de convenance personnelle… Mais cette proportion reste importante et il y a de plus en plus de personnes qui préfèrent se faire tester pour obtenir le pass sanitaire ».
Et l’expert d’ajouter : « Que chacun fasse ce qu’il veut, mais qu’on arrête de financer les tests de complaisance de ceux qui refusent de se faire vacciner. S’ils préfèrent payer plus, tant pis pour eux. Mais beaucoup vont trouver que ça fait cher et se tourner vers le vaccin ». Une prédiction qui n’a manifestement pas échappé à M. Macron.