La pénurie et la flambée du prix des engrais commencent à inquiéter !!

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Par Charles Sannat Publié le 2 novembre 2021 à 10h21
Soutien Agriculture Francaise
@shutter - © Economie Matin
73 MILLIARDS €En 2018, l'agriculture en France affichait un chiffre d'affaires de 73 milliards d'euros.

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La flambée des prix des engrais inquiète les agriculteurs français.

C’est le titre de cet article de l’AFP source ici qui reprend l’inquiétude bien légitime de nos agriculteurs mais qui ne semble pas encore susciter d’émois particuliers chez nos aimables dirigeants qui se réveillent toujours en retard d’une guerre et une fois la bataille perdue et la débâcle bien engagée.

« Les prix des engrais azotés flambent depuis plusieurs semaines. Or, ils assurent les rendements des cultures, et il n’existe pas vraiment d’alternatives.
La facture est salée pour les agriculteurs français : les prix des engrais azotés atteignent des sommets depuis la rentrée. La tonne d’ammonitrate 33,5 %, l’un des fertilisants les plus utilisés en France, coûte plus de 750 euros ces jours-ci, contre 300 euros environ au printemps.

L’urée, qui grimpe à 805 euros, a quasiment quadruplé depuis le début de l’année. Une véritable flambée du marché des engrais. « Jusqu’en septembre, la hausse était raisonnable, mais aujourd’hui c’est de la folie », s’inquiète Thierry Coué, vice-président de la FNSEA, le principal syndicat agricole français, et président de sa section bretonne ».

D’ailleurs, voici ce que donne la hausse des prix de l’amoniac en un seul graphique très justement repris et mis en valeur par l’analyste en chef de Bloomberg Javier Blas sur son compte Twitter.

CHART OF THE DAY: The next hot political potato of the 2021 energy crunch? Fertilizer prices.

Just wait until farmers in North America and Europe start buying for the next planting season. (Below is nitrogen fertilizer prices in the U.S. corn belt) | #OATT ???????‍? pic.twitter.com/4idgRcMn1h

— Javier Blas (@JavierBlas) October 28, 2021

Et l’AFP de poursuivre son article. « Lorsque les prix ont commencé à monter au cours de l’été, certains agriculteurs ont préféré attendre. « C’est aussi la conséquence d’une mauvaise récolte en 2020 : quand on ne sait pas ce qu’on va gagner cette année, on ne pense pas à l’année prochaine », ajoute François Gibon, délégué général de la Fédération du négoce agricole (FNA), maillon entre les fabricants et les agriculteurs. »Il y a un risque possible de pénurie pour les engrais azotés, car les agriculteurs n’ont pas encore couvert 100 % de leurs besoins et la disponibilité est toujours limitée », explique Isaure Perrot, analyste pour le cabinet Agritel. « Ce risque existe à plus forte raison que s’y ajoutent les problèmes logistiques à l’échelle mondiale, et la forte hausse du coût du fret. On observe déjà des retards de livraisons et cela pourrait s’aggraver », ajoute-t-elle.

Sauf que nous sommes dans une situation très difficile. Soit nos agriculteurs payent le prix fort et ils sont servis en engrais hors de prix ce qui augmentera en gros leurs coûts d’exploitation de 30 à 40 % à l’hectare ce qui est considérable, soit ils ne s’approvisionnent pas et les rendements chuteront. Ils payeront moins, réduiront leurs apports mais également leurs rendements donc leurs revenus.

Il est possible pour partie de cultiver davantage de plantes moins gourmandes en azote, comme c’est le cas pour le maïs ou le colza, ou les légumineuses comme le soja, pois, ou haricots, mais cette stratégie si elle peut aider à limiter la casse n’est pas non plus viable parce que nos agriculteurs ne peuvent pas planter que du colza par exemple ni que des lentilles puisque la farine de lentilles pour faire du pain, ce n’est pas le summum !

« Dans un communiqué commun, quatre associations spécialisées de la FNSEA ont estimé que le surcoût pour l’agriculture française pourrait atteindre 4 milliards d’euros, « sans tenir compte de la hausse des autres charges, notamment le coût du gaz nécessaire au séchage du maïs ». Cela augure-t-il d’une hausse des prix des céréales ? La flambée des engrais a commencé à se calmer, mais l’heure n’est pas encore à la baisse. Une bonne récolte est encore possible si le marché se détend d’ici le printemps et que l’on évite la pénurie, malgré les tensions logistiques ».

Une raison d’espérer la baisse du prix du gaz en Europe !

European natural gas prices dropped to the lowest level in over a month ??

Some of the bearish factors:

> Russian President Putin ordered Gazprom to focus on filling its European storage sites from Nov. 8
> Signs of industrial users reducing demandhttps://t.co/PWqnHjjAI6 pic.twitter.com/BsHg2cz7cy

— Stephen Stapczynski (@SStapczynski) October 29, 2021

Il y a un espoir. Celui de voir durablement les prix du gaz russe baisser, car le véritable sujet c’est celui du prix de l’énergie. Pour fabriquer des engrais azotés il faut de l’énergie abondante et pas chère. Or Poutine a demandé à Gazprom de se concentrer sur l’approvisionnement en gaz de l’Europe. Dans le même temps, toutes les usines très énergivores cessant leurs activités pour des raisons de rentabilité comme c’est le cas pour les usines d’engrais partout dans les pays de l’Est, cette hausse des approvisionnements attendues à partir de 8 novembre s’accompagne également d’une baisse de la demande (celle liée aux grosses industries).

Les prix du gaz en Europe sont donc très clairement orientés à la baisse.

Une fenêtre de tir dans les 2 mois à surveiller.

Il existe de très nombreuses inconnues sur l’évolution du prix du gaz à court terme. Si le reflux des cours se confirme, alors la production d’engrais azotés pourra reprendre, cette dernière redevenant rentable. Il faudra quelques semaines avant que les usines ne reprennent leur rythme de croisière. Si les prix se détendent il y aura une fenêtre d’opportunités d’achat d’ici deux mois environ.

Si l’hiver est très froid et que la demande en énergie européenne explose alors il se pourrait que les prix du gaz ne descendent pas avant le printemps prochain ou en tous les cas avant fin février début mars. Ce sera la seconde fenêtre potentielle d’opportunité.

Il y a une probabilité importante que nous vivions pendant plusieurs mois avec une volatilité très forte des cours de l’énergie, rendant très difficiles pour les industriels les décisions de reprise ou non d’activité, donc attention, il faut que la baisse de prix soit durable.

Pour le reste et tendanciellement, les prix de l’énergie vont poursuivre leur hausse continue. Tout sera de plus en plus cher, et nos agriculteurs en première ligne pour affronter la hausse des prix. Les prix des cours, eux, devraient être également orientés à la hausse et être favorables à nos agriculteurs.

Il serait logique que dans ce contexte inflationniste nous ayons également une inflation importante des productions agricoles.

Achetez vos raviolis !

Quant à notre gouvernement, il ferait bien de s’affoler un peu sur cette histoire d’approvisionnement en engrais de nos exploitants agricoles, car si les gilets jaunes ont le ventre vide, ils seront de très, très mauvaise humeur, méchante humeur même.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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