Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 qui ont endeuillé la région parisienne, le président de la République François Hollande l’avait dit : "Le pacte de sécurité va l’emporter sur le pacte de stabilité". Sous-entendu, et cela semble parfaitement légitime, protéger la France du terrorisme va avoir un coût dont le pays ne pourra pas faire l’économie. Bruxelles prévenait dans la foulée qu’elle accorderait à la France un nouveau délai pour réduire son déficit à moins de 3% du PIB.
Un pacte de sécurité à près d'un milliard
Bref, le gouvernement a annoncé ce matin la création de 5 200 postes, essentiellement pour renforcer les effectifs de la police et de la gendarmerie, de la Justice et des Douanes.
Si l’on intègre dans le calcul les embauches qui étaient déjà prévues, à savoir notamment 8 500 emplois supplémentaires sur deux ans, dont 5 000 dans la police et la gendarmerie, on obtient le chiffre de 15 000 nouveaux postes de fonctionnaires.
En tout, le montant du "pacte de sécurité" devrait s’élever donc à 815 millions d’euros en 2016, soit bien plus que les 600 millions estimés initialement par Bercy.
Même Alain Juppé, un des ténors de la droite, candidat à la primaire du parti Les Républicains, a estimé que "c'est une bonne chose que de recruter 8 500 fonctionnaires dans la police, la gendarmerie, l'administration pénitentiaire, la Justice. Nous avions sans doute eu tort, avant 2012, d'en supprimer une dizaine de milliers".
Un fonctionnaire, c'est 73 millions d'euros
Le problème, c’est que comme l’a reconnu à l’époque Xavier Bertrand, qui fut pendant de nombreuses années ministre du Travail et des Affaires sociales dans les gouvernements Villepin et Fillon, "un fonctionnaire, c'est 42 ans de carrière, 21 ans de retraite et 10 ans de réversion", soit 73 ans à la charge de l’Etat.
Sachant qu’un fonctionnaire coûte chaque année en moyenne 48 000 euros à l’Etat, sa carrière coûte, si l'on peut dire, 3,5 millions d'euros à la France. Soit pile le chiffre d'Agnès Verdier-Molinié dans son livre Les Fonctionnaires contre l'État (Albin Michel, 2011).
Mais la sécurité n'a pas de prix...