A l'heure où la transformation digitale est critique pour toutes les organisations dans le but de rester compétitives, l'Administration française a elle aussi amorcé sa mutation. Avec un cahier des charges ambitieux comme la réduction de la dette publique ou encore la protection de l'environnement, l'Etat cherche à innover à travers les solutions technologiques proposées par les grands acteurs de l'IT tout en favorisant l'innovation et en bénéficiant de la flexibilité des PME et des start-ups.
Les DSI au sein des organisations publiques ont pour mission de réussir la transformation numérique de nos institutions. Ils sont cependant confrontés à un problème de taille : les solutions disponibles sur le marché ne correspondent pas toujours, et en tous points, à leurs attentes. Faisant face à des offres parfois complexes et à un manque de flexibilité des solutions mises en place jusqu'à présent, la transition digitale des services publics peut s'avérer être un véritable défi.
L'administration évalue sans cesse de nouvelles solutions technologiques pour répondre à la complexité de la tâche. Pour quelles raisons est-ce si difficile à l'heure actuelle ? Et surtout : y a-t-il d'autres pistes possibles pour soutenir la transformation du secteur public ?
Fiabilité, clarté, sécurité : un secteur public face à ces challenges
Personne ne l'ignore, le secteur public a ses propres codes, contraintes et devoirs : répondre aux besoins multiples de la collectivité et apporter des services accessibles à tous. Avec des exigences encore plus importantes que le secteur privé en termes de qualité, de sécurité et de périmètre le challenge pour l'Etat peut parfois se révéler ardu.
Première difficulté : le choix d'une solution. L'acheteur public doit faire face à un catalogue d'offres complètes mais complexes, de la part des fournisseurs agréés, comportant de multiples informations parmi lesquelles il peut être difficile de s'y retrouver. Ce n'est pas uniquement le nombre et la richesse des offres qui rendent le choix complexe mais l'adéquation avec les contraintes réglementaires, la robustesse de la solution, son évolutivité et son appropriation en termes de compétences par les équipes internes. Le catalogue est un véhicule contractuel ; il ne permet pas de faire un choix mais de le supporter.
Ensuite vient la question de l'exigence. Avec des contraintes drastiques pour l'utilisation en interne ou en externe, les DSI du secteur public ont besoin de solutions parfaitement prêtes à l'emploi et fonctionnelles. Elles doivent être fiables, facilement exploitables dans la durée et bien sûr disponibles 24/7 sans interruption pour garantir à ses utilisateurs un accès permanent.
Enfin, les DSI doivent jongler avec les contraintes de l'ultra sécurité. Alors que les cyberattaques contre les organisations ont quadruplé l'année dernière d'après un entretien médiatique mi-février avec Gérome Billois (expert du cabinet de conseil Wavestone), l'infrastructure des services du secteur public est malheureusement une cible de choix et doit être protégée pour garantir la confiance des citoyens envers l'Administration. Avec des services tels que les impôts en ligne ou le secteur de la Santé (exemples des hôpitaux de Dax et de Villefranche-Sur-Saône, cibles de cyberattaques début 2021), une faille de sécurité pourrait se révéler évidemment préjudiciable.
Ces contraintes n'entravent néanmoins pas les capacités d'innovation du secteur public.
L'innovation : objectif permanent des décideurs
Si l'Administration peut parfois avoir une image d'organisation complexe et rigide auprès du grand public, la réalité est tout autre du côté des systèmes d'informations. L'innovation est un élément central des appels d'offres, qu'il s'agisse d'innovation purement technologique ou encore d'axes innovants comme le développement durable. Sur ce sujet, les DSI du secteur public ont une avance considérable par rapport aux acteurs du secteur privé.
Cette capacité d'innovation se retrouve également dans l'intégration des start-up françaises au projet de transformation digitale des entités du secteur public. En écoutant l'ensemble de l'écosystème et en s'appuyant sur des entreprises innovantes et flexibles, le secteur public se donne un champ d'action plus vaste. Entre contraintes et innovation obligatoire, les DSI ont alors un défi passionnant à relever.
La collaboration au service de la collectivité
Comme évoqué précédemment, si la complexité et la richesse des catalogues ne mettent pas non plus en avant la flexibilité nécessaire des solutions et peuvent donc ralentir leur choix, nous voyons que le cycle relativement court d'adoption de nouvelles solutions technologiques - environ 18 mois - permet de compenser cet effet, de rester à l'écoute d'innovations et de pouvoir faire évoluer les technologies rapidement.
Cette évolution des infrastructures est vitale et les DSI doivent également s'assurer de choisir les fournisseurs capables de prendre en compte la demande dans toute sa complexité sans imposer leur solution propre. Devant l'étendue des projets technologiques du secteur public, la meilleure façon d'aborder les problèmes complexes est l'approche collaborative grâce à l'intégration des solutions d'autres acteurs. Par exemple, c'est dans cet esprit qu'est adoptée de plus en plus massivement l'hyperconvergence, technologie répandue dans le secteur privé et permettant d'agréger les composantes calcul, stockage et réseau dans un système unique pour une plus simple évolution et exploitation. D'autres domaines et tendances comme la conteneurisation, l'Intelligence Artificielle et le « Edge Computing » sont également des sources d'innovations que le secteur public étudie afin d'accroître son évolutivité.
Bien entendu, aucun changement n'est facile. Transformer prend du temps, de l'énergie et des ressources. Mais tant que les DSI continueront à cultiver l'esprit d'innovation et à accepter les projets dans toute leur complexité, ils réussiront à trouver les solutions adaptées.