Dans un communiqué publié le 16 mars, Uber a annoncé à ses 70 000 chauffeurs britanniques leur nouveau statut de travailleur. Conséquences directes pour les intéressés : un salaire minimum et des congés payés. Que peut-on attendre de cette décision ?
Conséquence d’une défaite judiciaire
Uber n’a pas tardé à réagir, après la décision de la Cour Suprême britannique le 19 février dernier, qui avait donné raison à des indépendants estimant avoir le droit au statut de travailleur. Cuisante défaite pour le géant américain, mais victoire pour les plus de 70 000 chauffeurs britanniques qui ont maintenant droit à des avantages sociaux.
Que signifie cette évolution de la part de la plateforme de transport ? En octroyant ce statut de « worker » aux chauffeurs, distinct de celui d’ « employee », salarié au sens strict aux droits plus importants, Uber devance ce qui aurait pu s’avérer être une couteuse procédure en justice. « C’est un jour important pour les chauffeurs au Royaume Uni », se félicite Jamie Heywood, patron Europe du Nord et de l’Est de l’entreprise californienne.
Pas de grand chambardement à attendre, mais une incertitude pour Uber
Cette décision ne devrait cependant pas faire l’effet d’une trainée de poudre dans les autres pays où opère Uber. Du moins pas immédiatement, Uber entendant s’adapter marché par marché. Pour Mary Kay Henry, présidente du Syndicat international des employés des services, cette décision « montre clairement qu’Uber peut choisir à tout moment d’enregistrer correctement ses chauffeurs et de leur verser un salaire décent ». Le directeur général Dara Khosrowshahi a toutefois soumis une série de propositions aux gouvernements et syndicats en Europe. L’idée serait d’appliquer le modèle californien : des conducteurs indépendants, mais qui reçoivent des compensations. En France, les chauffeurs demeurent des travailleurs indépendants.
En bref, des évolutions certaines pour les chauffeurs qui en bénéficient, mais une incertitude supplémentaire pour Uber qui devrait absorber le coût de ces mesures. Difficile en effet d’augmenter les prix dans un contexte de forte concurrence.