Il y a quelques semaines, l’Insee et la Banque de France ont revu à la baisse la chute du PIB français en 2020, la passant de -8 % à -6 %. Une bonne nouvelle qui ne change rien à la crise économique en cours, mais prouve que des issues existent. Or, ce changement est notamment dû à une mauvaise prise en compte du rôle des auto-entrepreneurs dans l’économie. Un rôle qui a pourtant pris beaucoup d’importance en 2020.
Une explosion du nombre de microentreprises en 2020
En 2020, les Français ont été très nombreux à décider de devenir auto entrepreneur. Selon l’Insee, le nombre de créations de microentreprises a bondi de 9% au cours de l’année 2020. Dans certaines régions comme la Charente-Maritime, cette augmentation atteint même les 15,5%. Un record au niveau régional et national donc.
Cependant, tous les secteurs n’ont pas connu la même croissance. Ainsi, le secteur de l’art, celui de l’enseignement et celui de l’action sociale ont connu des baisses très importantes (15 % en moyenne). Le secteur de la livraison et du transport, au contraire, a connu une forte croissance (37 %). De même, certaines activités libérales souffrant de ne pas avoir accès à un commerce ou des locaux se sont lancées en microentreprise.
Pour beaucoup d’entrepreneurs, le régime a été une solution vitale pendant la crise. Effectivement, pouvoir travailler et déclarer simplement à l’URSSAF, si vous exercez une activité libérale, a été une bonne solution pour beaucoup contre la fermeture des commerces et des entreprises. Effectivement, en 2020, le nombre de personnes au chômage désirant en savoir plus sur le régime de la microentreprise a naturellement beaucoup augmenté.
Une place laissée par les grosses entreprises
Si les microentreprises ont pu autant croître pendant la crise sanitaire, c’est aussi parce qu’elles ont trouvé une place à prendre. Effectivement, le marché et les besoins n’ont pas beaucoup changé dans la plupart de secteurs. Néanmoins, beaucoup de grosses entreprises ont été obligées de fermer pour des raisons sanitaires. Certaines ont eu du mal à s’adapter aux nouvelles règles ou au télétravail. Résultat, leurs défauts de logistiques ont donné une chance aux auto-entrepreneurs.
Effectivement, ils sont nombreux à avoir profité de ce vide laissé par les grosses entreprises pour traiter directement avec le client. Avant cela, beaucoup d’auto entrepreneur travaillé justement pour de grosses entreprises qui leur sous-traitait une partie importante de leurs tâches. Avec la fermeture de beaucoup d’entre elles, il a fallu faire sans cet intermédiaire. Les entrepreneurs ont été nombreux à saisir cette chance.
On peut citer l’exemple des coachs sportifs. Habituellement, ils travaillent en étroite collaboration avec les salles de sport. Ils y sont rarement salariés et vivent de manière un peu précaire. Avec la fermeture complète des salles de sport depuis des mois, ces coachs sportifs ont commencé à proposer leurs services directement à leurs clients. Résultat, les cours de sport en plein air se multiplient un peu partout et les microentreprises de coaching aussi.
Un statut qui reste peu reconnu
Si la période a été propice à la création de microentreprises, il ne faut pas se voiler la face pour autant. Le statut d’auto-entrepreneur est encore trop mal considéré par les gouvernants. D’ailleurs, le rôle que tous les salariés abandonnés et reconvertis en auto entrepreneurs ont joué dans la reprise économique qui a lieu actuellement n’a presque pas été souligné. Pourtant, beaucoup d’entre eux font justement partie de ces travailleurs en première ligne dont on a tant entendu parler.
De plus, il ne faut pas perdre de vue que le statut est encore trop souvent utilisé par des salariés mal payés pour arrondir leur fin de mois. Les auto entrepreneurs qui accèdent à l’indépendance financière sont encore trop peu nombreux. Pas parce que les occasions de créer une entreprise viable manquent, mais parce que le statut est encore trop pensé comme un complément de salaire. Résultat, il est difficile de trouver un équilibre viable.
Enfin, de nombreux auto-entrepreneurs commencent à se réunir pour demander de meilleures protections sociales. Effectivement, si leur chiffre d’affaires diminue trop pendant cette période de crise que nous traversons, ils arrêteront de cotiser pour leur retraite. Eux qui ont déjà du mal à bénéficier du chômage dans certains cas aimeraient une meilleure reconnaissance globale de leur statut et du travail qu’ils fournissent.