Bruxelles veut mieux contrôler les entreprises employant des travailleurs détachés

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Par Laure De Charette Publié le 7 mars 2016 à 6h19
Chomage Categorie Difference Profession Cadres Ouvriers Intermediaire
212 000On compte en France officiellement 212 000 travailleurs détachés.

Une entreprise, française par exemple, peut parfaitement embaucher un travailleur slovaque ou polonais à un salaire français mais en ne payant que les charges sociales en vigueur dans le pays d’origine de l’employé, généralement bien plus faibles. Il n'y a là rien d'illégal. Mais la Commission européenne veut tout de même contrôler davantage ce dispositif.

Les travailleurs détachés, des concurrents déloyaux ?

L’objectif est simple : il s’agit de limiter au minimum la "concurrence déloyale" des travailleurs détachés en Europe. Ces derniers, souvent originaires des pays d’Europe centrale ou de l’Est coûtent, on l’a dit, moins cher aux employeurs.

Et cela crée du "dumping social". Ce terme désigne "toute pratique consistant, pour un Etat ou une entreprise, à violer, à contourner ou à dégrader, de façon plus ou moins délibérée, le droit social en vigueur – qu’il soit national, communautaire ou international – afin d’en tirer un avantage économique, notamment en termes de compétitivité", si l’on en croit la définition fournie par l’Assemblée nationale en 2000. En somme, il y a dumping social quand une entreprise cherche à profiter des différences de rémunérations et de réglementation du travail entre pays.

Primes et tickets restos pour tous

La Commission européenne s'est donc enfin décidée à s’emparer de cette question épineuse. D’après Le Figaro, elle veut mieux réglementer la rémunération des travailleurs détachés, sans toutefois s'attaquer à la question des charges sociales. Sans non plus rendre lettre morte la directive de 1996, qui consacre la libre circulation des travailleurs dans l'Union.

Elle veut que ces employés étrangers ne soient pas exploités à outrance, mais qu’ils bénéficient des lois ou conventions collectives concernant les rémunérations (primes, tickets-restaurant…). Elle va aussi proposer de limiter à 24 mois la durée pendant laquelle le travailleur pourra être détaché, afin d'éviter les abus.

En 2014 déjà, des contrôles accrus avaient été décidés. Les différentes inspections du travail ont, depuis, la possibilité de réclamer plus de documents aux entreprises employant des employeurs détachés.

Le nombre de travailleurs détachés au sein de l’UE atteindrait déjà 1,5 million aujourd’hui. Rien qu’en France, jusqu’à 350 000 personnes seraient concernées (210 000 « seulement » sont officiellement déclarés) selon des chiffres du ministère français du Travail.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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