Alors que le rythme de la campagne de vaccination contre le Covid-19 continue de baisser, les tests de dépistage, eux, sont en hausse. Une nouvelle inquiétante pour le budget de la Sécurité sociale.
L’annonce de l’élargissement du pass sanitaire avait encouragé les Français à se faire vacciner. Mais l’effet s’est révélé de courte durée. Trois semaines après l’allocution télévisée prononcée par Emmanuel Macron le 12 juillet, le rythme est passé de 4,8 à 3,2 millions d’injections hebdomadaires, d’après les bilans quotidiens de la Direction générale de la santé (DGS).
La chute est particulièrement importante pour les premières doses : elles sont passées de 2,6 millions fin-juillet à 1,1 million mi-août 2021. C’est tout le contraire de ce qui se passe côté tests. Près de 6 millions ont été pratiqués la deuxième semaine d’août, contre 4,2 millions la semaine précédente. « On est vraiment au pic de nos capacités et il sera très compliqué d’aller au-delà », s’inquiète Henry-Pierre Doermann, vice-président du syndicat des biologistes.
Le gouvernement sera-t-il contraint de revoir ses objectifs à la baisse ? En annonçant la fin des tests Covid de « confort », Emmanuel Macron tablait sur 50 millions de personnes vaccinées fin août. Mais ses intentions à moyen terme étaient autrement plus ambitieuses. « L’objectif est la vaccination de tous les Français qui peuvent être vaccinés », soit les 58 millions de personnes de 12 ans et plus. Seulement, les prises de rendez-vous sont passées de 3 millions lors de l’allocution présidentielle à un peu plus de 700 000 un mois plus tard.
100 millions d’euros par semaine
La tendance pourrait toutefois s’inverser en octobre, lorsque les non-vaccinés devront supporter le coût d’un test de dépistage du Covid, soit 49 euros pour un PCR et 25 euros pour un antigénique. Un véritable bol d’air frais pour le trésor public. En effet, si l’exécutif souhaite « encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests », c’est que ces derniers coûtent près de 100 millions d’euros par semaine à l’État.
Or, selon les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et de statistiques (Drees), 112,6 millions de tests ont été réalisés entre le 1er mars 2020 et le 1er août 2021, dont 80 millions de PCR. Le coût total de ces campagnes de dépistage s’élève donc à plus de 5,5 milliards d’euros. Et la tendance est à la hausse. La « Sécu » a prévu un budget de 4,9 milliards d’euros en 2021 pour financer les campagnes de dépistage. Il n’était « que » de 2,2 milliards d’euros en 2020.
Un gouvernement « aveugle » face à la quatrième vague
Mais tout espoir n’est pas perdu pour le gouvernement. « On s’attend à une chute de 80 % des tests PCR si le remboursement par la Sécurité sociale est réservé à des patients disposant d’une prescription médicale », explique Laurent Kbaier, biologiste et porte-parole de Biogroup, un regroupement de 791 laboratoires de biologie médicale.
Problème : la chute du nombre de tests pourrait rendre les autorités « aveugles » face à une quatrième vague. « Si le nombre de tests chute, on mettra plus de temps à détecter une résurgence épidémique ou de nouveaux variants », alerte M. Kbaier.
Une équation difficile pour le gouvernement. Afin de maintenir l’épidémie sous contrôle sans creuser davantage le déficit de la Sécurité sociale, il devra obtenir l’adhésion des Français au vaccin sans pour autant avoir l’air de l’imposer.