Parmi tous les chantiers du gouvernement, il y en a un qui avance très mal : celui de la réduction du déficit public. Après deux échéances ratées, la France a en effet l'obligation, à l'horizon de 2017, de faire tomber son déficit sous la barre des 3 % afin de se mettre en conformité avec le Pacte de Stabilité signé par les pays membres de l'Union Européenne.
Si elle n'y parvient pas, Pierre Moscovici, ancien locataire de Bercy devenu Commissaire européen aux affaires économiques, n'aura pas d'autre choix que d'infliger à son propre pays une lourde amende.
Oups ! en 2015 le déficit dérape...
Après que Bruxelles lui a tiré les oreilles pour la deuxième fois, le gouvernement avait annoncé qu'entre 2015 et 2017 la France réaliserait 50 milliards d'euros d'économies. Une somme gigantesque qui permettrait au pays de tomber sous la barre des 3 % de déficit public. Bruxelles y a cru... mais les choses ne se passeraient pas vraiment comme prévu.
L'année 2015 fut en effet compliquée et marquée par des événements tragiques de nature à tout chambouler. Des 21 milliards d'euros d'économies promis à Bruxelles, le gouvernement n'aurait réussi qu'à en réaliser 18,1 milliards. C'est pas mal, mais ce n'est clairement pas assez. Du coup, la répartition des ces économies sur les trois ans a évolué.
13,2 milliards en 2016 et 18,7 milliards en... 2017 ? Peut-être plus !
Le gouvernement n'a pas annoncé à Bruxelles qu'il n'allait pas parvenir à ses fins : la France risque une amende de 4 milliards d'euros si elle n'arrivent pas à faire baisser son déficit. La répartition des économies a donc simplement été changée.
En 2016, soit cette année, le gouvernement avait prévu 14,5 milliards d'euros d'économies. Désormais, selon Valérie Rabault, rapporteure générale du Budget, Bercy ne table plus que sur 13,2 milliards d'euros en 2016. Ce sera l'année 2017, celle des élections, qui va demander le plus gros efforts aux Français : l'Etat prévoit 18,7 milliards d'euros de réductions de dépenses. Si François Hollande avait encore un espoir de se faire réélire, il risque de s'être envolé. D'autant plus que cette somme ne suffira pas.
Depuis que Bercy a réalisé ces calculs, en effet, le gouvernement a annoncé diverses mesures majeures : aides pour les jeunes, fin du gel des salaires des fonctionnaires... et tout ça a un coût : 4 milliards d'euros en 2016, près de 3 milliards en 2017. 7 milliards d'euros de plus à rajouter aux réductions déjà prévues.
Même si la France y arrive... elle risque son amende
Les choses se corsent encore un peu plus lorsqu'on regarde dans le détail des demandes de Bruxelles et des promesses du gouvernement. Bruxelles veut certes un déficit sous les 3 % mais a également précisé que le déficit structurel du pays doit baisser de 0,8 % du PIB en 2016 et 0,9 % en 2017. Bercy, de son côté, n'a prévu qu'une baisse du déficit structurel de 0,4 % en 2016 et de 0,5 % en 2017.
Si le gouvernement parvient à ses fins, soit un déficit de 2,7 % en 2017, il ne sera pas conforme à celui demandé par Bruxelles qui pourrait sanctionner. L'équipe de François Hollande espère toutefois que la Commission européenne ne sera pas tatillonne. De toute manière, le gouvernement ne sait bien : il ne peut pas y parvenir. Faire chuter le déficit structurel aux niveaux demandés par Bruxelles nécessiterait 13,5 milliards d'euros d'économies de plus en 2016 et 12,6 milliards de plus en 2017. Impossible.